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DE POMPÉI

rentes bagues pour chacun des doigts délicats et effilés de la Pompéienne. La toilette était achevée selon la dernière mode de Rome. La belle Julia se regarda avec un dernier coup d’œil de satisfaction personnelle, et, se renversant sur son siège, commandalanguissamment à la plus jeune de ses esclaves de lui lire les vers amoureux de Tibulle. Cette lecture avait déjà commencé, lorsqu’une esclave introduisit Nydia auprès de la maîtresse de la maison.

« Salve, Julia, dit la bouquetière, en s’arrêtant à quelques pas de l’endroit où Julia était assise, et en croisant ses bras sur sa poitrine ; j’ai obéi à vos ordres.

— Tu as bien fait, bouquetière, répondit Julia ; approche, assieds-toi. »

Une des esclaves plaça un tabouret près de Julia, et Nydia s’y assit.

Julia considéra quelques instants la Thessalienne d’un air embarrassé. Ellefit signe à ses esclaves de sortir et de fermer la porte. Lorsqu’elle fut seule avec Nydia, elle lui dit en la regardant, et en oubliant que son interlocutrice ne pouvait observer sa physionomie :

« Tu sers là Napolitaine Ione ?

— Je suis chez elle en ce moment.

— Est-elle aussi belle qu’on le dit ?

— Je ne sais pas ; comment pourrais-je juger de sa beauté ?

— Ah ! j’aurais dû me rappeler… mais tu as des oreilles, si tu n’as pas d’yeux. Tes compagnes, les autres esclaves, disent-elles qu’Ione est belle ? Les esclaves dans leur intimité oublient de flatter même leur maîtresse.

— On me dit qu’elle est belle, très-belle !

— Ah ! Est-elle grande ?

— Oui.

— C’est comme moi. A-t-elle des cheveux noirs ?

— Je l’ai entendu dire.

— J’ai des cheveux noirs aussi. Et Glaucus va-t —il la voir souvent ?

— Tous les jours.

— Tous les jours dis-tu ; et la trouve-t-il belle ?

— Je le pense, puisqu’ils vont bientôt se marier.

— Se marier ! » s’écria Julia, dont on eût pu voir la pâleur soudaine, même à travers les fausses couleurs répandues sur ses joues.

Elle se leva brusquement. Nydia ne pouvait s’apercevoir de