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LES DERNIERS JOURS

à l’aide de cordons blancs ; une profusion de perles formait la broderie de ces pantoufles de pourpre, qu’on pourrait comparer aux babouches actuelles des Turcs, et une vieille esclave, versée depuis longtemps dans tous les secrets de la toilette, se tenait derrière la coiffeuse, ayant sous le bras la large et riche ceinture de sa maîtresse. Elle donnait de temps à autre des instructions à la femme chargée de l’édifice de la coiffure, sans omettre de judicieuses flatteries pour Julia.

« Mettez cette épingle un peu plus. sur la droite… plus bas… sotte… Ne voyez-vous pas la superbe égalité de ces sourcils ?… on dirait que vous coiffez Corinna, dont le visage est de travers… Maintenant, posez les fleurs… quoi… folle que vous êtes… Laissez là cette triste giroflée… vous ne choisissez pas ici des couleurs en rapport avec les joues pâles de Chloris… Les plus brillantes fleurs peuvent seules convenir aux joues de la jeune Julia !

— Doucement ! dit la maîtresse en frappant la terre de son petit pied avec une certaine violence ; vous me tirez les cheveux comme si vous arrachiez de mauvaises herbes.

— Triple bête ! continua la maîtresse de cérémonie, ne savez-vous pas combien votre maîtresse est délicate ?. vous n’avez pas affaire aux crins de la veuve Fulvia. Maintenant, le ruban. C’est cela. Belle Julia, regarde-toi dans ton miroir. As-tu jamais vu quelque chose de plus aimable et de plus charmant que toi ? »

Lorsque, après d’innombrables commentaires, des difficultés et des retards, la tour capillaire eut été parachevée, la préparation qui suivit fut de donner aux yeux une douce expression de langueur, produite au moyen d’une poudre foncée qu’on appliquait sur les paupières et sur les sourcils ; une petite mouche taillée en forme de croissant, placée adroitement près des lèvres rosées, attirait l’attention sur les fossettes et sur les dents, dont l’art s’était déjà exercé à augmenter la blancheur naturelle.

Une autre esclave, qui jusque-là s’était tenue à l’écart, s’approcha alors pour arranger les joyaux, les boucles d’oreilles de perles (deux à chaque oreille), les massifs braceletsd’or, la chaîne formée d’anneaux du même métal, à laquelle était suspendu un talisman en cristal ; la gracieuse agrafe sur l’épaule gauche, qui renfermait un camée représentant Psyché ; la ceinture de ruban pourpre richement brodé en fil d’or, et attachée par des serpents entrelacés ; enfin les diffé-