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LES DERNIERS JOURS

de ce consentement… elle répéta sa question timidement, d’une voix plus basse :

« Ne te l’ai-je pas fait comprendre ? répondit assez rudement l’esclave ; entre !

— Merci ! » dit d’une voix plaintive la nouvelle venue ; et l’esclave, ému de la douceur de sa voix, la regarda et reconnut la bouquetière aveugle. Le chagrin peut sympathiser avec le malheur. Il se leva, et il guida ses pas jusqu’au haut de l’escalier adjacent par lequel on descendait à l’appartement de Julia, et là, appelant une esclave du sexe de l’aveugle, il la lui donna à conduire.


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CHAPITRE VII.

Cabinet de toilette d’une Pompéienne. — Conversation importante
entre Julia et Nydia.


L’élégante Julia était assise au milieu de ses esclaves… la chambre était petite, comme le cubiculum qui la joignait, mais plus large que les appartements réservés au sommeil, et ordinairement si étroits, que ceux qui n’ont pas vu la chambre à coucher des Pompéiens, même dans les plus riches maisons, ne peuvent se faire une idée de ces niches de pigeons, dans lesquelles on se plaisait alors à passer la nuit. Mais, en réalité, le lit n’était pas chez les anciens une chose domestique si grave, si importante, si sérieuse que parmi nous. Leur couche n’était qu’un étroit et petit sofa assez léger pour être transporté aisément d’une place à une autre par son possesseur lui-même[1], et, sans aucun doute, on le changeait de chambre, selon les caprices du maître ou les variations de la saison : car telle partie de la maison, habitée pendant un mois, était délaissée le mois suivant. Les Italiens de cette époque avaient d’ailleurs une singulière appréhension du grand jour ; leurs chambres véritablement obscures, qu’on pourrait croire au premier abord le résultat d’une architecture négligente,

  1. Prends ton lit et marche, n’était pas, comme le fait remarquer W. Gell, une expression métaphorique.