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DE POMPÉI

— Ah ! dit l’esclave avec indifférence.

— Oui, un présent du noble Pompéianus.

— Un présent ? je croyais que tu parlais d’un visiteur.

— Les deux à la fois, un visiteur et un présent. Apprends donc, vieillard stupide et lourd, que c’est un jeune tigre de la plus grande beauté, destiné aux jeux de l’amphithéâtre… entends-tu, Médon ? Oh ! quel plaisir ! Je te déclare que je ne dormirai pas une minute jusqu’à ce que je l’aie vu : on dit qu’il rugit admirablement.

— Pauvre sotte ! répliqua Médon d’un air triste, avec un sourire amer.

— Ne parle pas de sottise, si ce n’est pour toi, vieux sot ! Qu’y a-t —il de plus charmant qu’un tigre, surtout si nous pouvons lui trouver quelqu’un à dévorer ? Nous avons maintenant un lion et un tigre : pense à cela, Médon, et, faute de deux bons criminels, nous serons peut-être forcés de les voir s’entre-déchirer eux-mêmes. À propos, ton fils est gladiateur ? un beau et vigoureux gaillard, ma foi ! ne pourrais-tu le décider à combattre le tigre ? Fais-le, tu m’obligeras beaucoup ; que dis-je ? tu seras le bienfaiteur de la ville entière.

— Malheur ! malheur ! dit l’esclave avec aigreur ; songe à ton propre danger avant de désirer la mort de mon pauvre enfant.

— Mon propre danger ! dit la jeune fille effrayée en regardant en hâte autour d’elle ; que ce présage soit détourné ! que ces paroles retombent sur ta propre tête ! »

Et la jeune fille, en parlant ainsi, toucha un talisman suspendu à son cou. « Mon propre danger ? répéta-t —elle. Quel danger peut me menacer ?

— Le tremblement de terre des jours derniers n’est-il pas un avertissement ? dit Médon ; n’a-t-il pas une voix ? ne nous crie-t —il pas à tous : « Préparez-vous à la mort ; la fin de toutes choses est prochaine. »

— Allons donc ! reprit la jeune fille en arrangeant les plis de sa tunique ; tu parles maintenant comme parlent, dit-on, les Nazaréens ; tu es peut-être des leurs. Alors je ne veux pas bavarder avec toi davantage, corbeau de mauvais augure : tu vas de pis en pis. Vale, ô Hercule ! envoie-nous un homme pour le lion et un autre pour le tigre. »


C’est un plaisir, dont je suis idolâtre,
Ce beau plaisir de notre amphithéâtre !
Que j’aime à voir un fier gladiateur,