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LES DERNIERS JOURS

une lanterne devant eux ; le marchand et sa fille revenaien de souper chez un de leurs voisins.

« Ne te rappelles-tu plus ma voix ? continua Julia ; je suis la fille du riche Diomède.

— Ah ! pardonnez-moi, je me souviens du son de votre voix ; mais, noble Julia, je ne vends plus de fleurs.

— J’ai entendu dire que tu avais été achetée par le bel Athénien Glaucus ; est-ce vrai, jolie esclave ? demanda Julia.

— Je sers la Napolitaine lone, répondit Nydia d’une manière évasive.

— Ah ! il est donc vrai, alors…

— Viens, viens, interrompit Diomède, son manteau posé sur sa bouche… la nuit devient froide… je n’ai pas envie de rester ici, pendantquetu babilleras avec cette fille aveugle… Viens ; qu’elle nous suive à la maison, si tu veux lui parler.

— Oui, suis-nous, mon enfant, dit Julia du ton d’une femme qui n’est pas accoutumée à rencontrer des refus… J’ai beaucoup de choses à te demander, viens.

— Je ne puis ce soir, il est trop tard, répondit Nydia ; il faut que je rentre : je ne suis pas libre, noble Julia.

— Quoi ! la douce lone te gronderait-elle ? Ah ! je ne doute pas que ce ne soit une seconde Thalestris. Viens donc demain. Souviens-toi que j’ai été de tes amies autrefois.

— Vos souhaits seront remplis, » répondit Nydia.

Et Diomède s’impatientant de nouveau et gourmandant sa fille, Julia fut obligée de suivre son père, sans avoir interrogé Nydia sur le sujet qu’elle avait à cœur de traiter avec elle.

Maintenant, retournons vers Ione. L’intervalle écoulé entre la première et la seconde visite de Glaucus ne s’était pas passé d’une façon très-gaie pour elle : elle avait reçu la visite de son frère, qu’elle n’avait pas revu depuis le soir où il avait aidé à la délivrer de l’Égyptien.

Occupé de ses seules pensées, pensées d’une nature sérieuse et exclusive, le jeune prêtre n’avait guère songé à sa sœur. À la vérité, les hommes de cet ordre d’esprit qui aspire toujours à quelque chose placé au-dessus de la terre, ne sont que peu enclins ordinairement aux affections de notre monde ; Apœcides n’avait donc pas désiré depuis longtemps ces doux entretiens de l’amitié, ces tendres confidences qu’il recherchait dans sa jeunesse près d’Ione, et qui sont si naturels entre des personnes unies par des liens fraternels.

Cependant Ione n’avait pas cessé de regretter cet éloigne-