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LES DERNIERS JOURS

        Pour nous mettre en ton noir séjour.
        Ton souffle glacé nous effeuille :
        Il nous faut la chaleur du jour.
        Passants, ne soyez pas rebelles ;
        Délivrez-nous, vous, notre espoir :
        Nous qui sommes fraîches et belles,
        Nous voulons des yeux pour nous voir. »
            Achetez…


« Je veux prendre ce bouquet de violettes, douce Nydia, s’écria Glaucus eu fendant la foule, et en jetant dans la corbeille une poignée de petites pièces. Ta voix est plus charmante que jamais. »

La jeune fille aveugle tressaillit aux accents de l’Athénien ; elle se rendit presque aussitôt maîtresse de ce premier mouvement ; mais une vive rougeur colora son cou, ses joues et ses tempes.

« Vous êtes donc de retour ? » dit-elle à voix basse. Et elle se répéta à elle-même : « Glaucus est de retour !

— Oui, mon enfant ; je ne suis revenu à Pompéi que depuis quelques jours. Mon jardin réclame tes soins, comme d’habitude ; j’espère que tu le visiteras demain. Souviens-toi qu’aucune guirlande ne sera tressée chez moi, si ce n’est de la main de la jolie Nydia ! »

Nydia sourit joyeusement, mais ne répondit pas ; et Glaucus, mettant sur son sein les violettes qu’il avait choisies, s’éloigna de la foule avec autant de gaieté que d’insouciance.

« Ainsi cet enfant est une de vos clientes ? dit Claudius.

— Oui. Ne chante-t-elle pas agréablement ? Elle m’intéresse, la pauvre esclave. D’ailleurs elle est du pays de la montagne des dieux ; l’Olympe a projeté son ombre sur son berceau, elle est Thessalienne.

— Le pays des magiciennes.

— C’est vrai. Mais, selon moi, toute femme est magicienne ; et, par Vénus ! l’air à Pompéi semble lui-même un philtre d’amour, tant chaque figure qui n’a pas de barbe a de charme pour mes yeux.

— Eh ! justement j’aperçois une des belles de Pompéi, la fille du vieux Diomède, la riche Julia, s’écria Claudius, pendant qu’une jeune dame, la figure couverte d’un voile et accompagnée de deux suivantes, s’approchait d’eux en se dirigeant vers les bains. Belle Julia, nous te saluons, » dit Claudius.