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LES DERNIERS JOURS

aimée, j’aurais pu armer mon amant pour une autre Marathon ou une nouvelle Platée ! Oui, la main qui tresse maintenant des roses aurait pu tresser pour toi une couronne d’olivier.

— Si un tel jour venait, dit Glaucus, emporté par l’enthousiasme de la Thessalienne, et en se levant à demi… mais non. Le soleil s’est couché, et la nuit nous condamne à oublier… à égayer notre oubli… Continue à tresser tes roses. »

Mais ce fut avec le ton d’une gaieté forcée où perçait la mélancolie, que l’Athénien prononça ces dernières paroles. Tombant dans une profonde rêverie, il n’en sortit que quelques minutes après, à la voix de Nydia, qui chantait à voix basse l’hymne suivant qu’il lui avait appris autrefois :


L’APOLOGIE DU PLAISIR.

I

Lauriers, votre guirlande sainte,
Appartient aux vieux héros morts ;
Leurtombe, dans sa froide enceinte,
Conserve ces pieux trésors.
Sa feuille est destinée au brave.
Et non à ma profane main.
La rose est faite pour l’esclave,
Elle se flétrira demain.

II

Mais si la gloire est descendue
Près de ceux dont elle est l’appui,
Si la liberté s’est perdue,
Si l’espoir loin de nous a fui,
Qu’une autre couronne repose
Sur nos fronts, ô lauriers vainqueurs !
Notre héritage, c’est la rose,
Héritage des faibles cœurs !.

III

Sur la montagne solennelle,
Tout noble pas s’est arrêté ;
Les cœurs, que la mémoire appelle,
Ne battent plus dans la cité ;
Les dieux ont oublié la Grèce,
Ils ont délaissé ses enfants.
Mais bannissons toute tristesse,
Montrons-nous encor triomphants.