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DE POMPÉI

gage de paix. Ses yeux, levés sur lui, étaient baignés de larmes.

« Je t’ai offensé, dit-elle en soupirant, et pour la première fois ; je voudrais plutôt mourir que de te causer un instant de chagrin. Vois, j’ai repris ta chaîne, je l’ai mise à mon cou ; je ne la quitterai jamais : c’est un don de toi !

— Ma chère Nydia, répondit Glaucus en la relevant et en baisant son front, ne pense plus à cela. Mais pourquoi, mon enfant, cette colère soudaine ? je n’ai pu en deviner la cause.

— Ne me la demande pas, dit-elle avec une vive rougeur ; je suis pleine de faiblesses et de caprices. Tu sais bien que je ne suis qu’une enfant, tu le répètes assez souvent. Est-ce qu’un enfant peut dire la raison de toutes ses folies ?

— Mais, ma jolie Nydia, tu cesseras bientôt d’être une enfant ; et, si tu veux qu’on te traite comme une femme, il faut apprendre à maîtriser ces impétueux mouvements de colère. Ne crois pas que je te gronde ; non, c’est pour ton bonheur que je parle.

— C’est vrai, dit Nydia, je dois apprendre à me maîtriser. Je dois cacher, déguiser ce que mon cœur éprouve : c’est la tâche et le devoir d’une femme. Sa vertu n’est elle pas l’hypocrisie ?

— Se maîtriser n’est pas tromper, ma Nydia, reprit l’Athénien ; et cette vertu est également nécessaire aux hommes et aux femmes. C’est la vraie toge du sénateur, la marque de la dignité qu’elle recouvre.

— Se maîtriser ! se maîtriser ! bon, bon, tu as raison. Lorsque je t’écoute, Glaucus, mes plus sauvages pensées se calment et s’adoucissent ; une délicieuse sérénité se répand en moi. Conseille-moi, guide-moi toujours, mon protecteur.

— Ton cœur affectueux sera ton meilleur guide, ma Nydia, lorsque tu auras appris à gouverner tes sentiments.

— Ah ! cela n’arrivera jamais, soupira Nydia, fondant en larmes.

— Pourquoi non ? Le premier effort est le plus difficile.

— J’ai fait ce premier effort, répondit Nydia innocemment ; mais vous, mon mentor, trouvez-vous qu’il soit si facile d’être maître de soi-même ? Pouvez-vous cacher, pouvez-vous régler votre amour pour Ione ?

— L’amour, chère Nydia, ah ! c’est une autre question, répondit le jeune précepteur.

— Je le pensais aussi, poursuivit Nydia avec un mélan-