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LES DERNIERS JOURS

étaient aussi bien élevés et aussi flatteurs que de nos jours ; mais lorsque ces boucles d’oreille orneront la tête de votre Ione, c’est alors, par Bacchus ! que vous verrez ce que mes bijoux peuvent ajouter à la beauté.

— Ione, répéta Nydia, qui jusque-là avait marqué sa reconnaissance à Glaucus par son sourire et par sa rougeur.

— Oui, répliqua l’Athénien en jouant nonchalamment avec les bijoux, je suis en train de chosir ces présents pour Ione, mais je ne trouve rien qui soit digne d’elle. »

Comme il achevait de parler, il fut surpris d’un brusque mouvement de Nydia. Elle arracha violemment la chaîne de son cou et la jeta à terre.

« Qu’est cela, Nydia ? cette bagatelle ne te convient-elle pas ? t’ai-je offensée ?

— Vous me traitez toujours comme une esclave et comme un enfant, » reprit la Thessalienne, le cœur gros de soupirs i qu’elle ne pouvait contenir ; et elle passa rapidement à l’extrémité du jardin.

Glaucus n’essaya pas de la suivre ni de la consoler : il était offensé. Il continua d’examiner les joyaux et de faire des observations sur leur façon, de repousser l’un, d’accepter l’autre ; et enfin il se laissa persuader par le marchand d’acheter le tout. C’est le plan le plus sage pour un amant, et que chacun ferait bien d’adopter, pourvu toutefois qu’il ait rencontré une Ione.

Lorsqu’il eut complété ses achats et renvoyé le joaillier, il se retira dans sa chambre, s’habilla, monta dans son char et se dirigea vers la maison d’Ione. Il ne pensa plus à la pauvre fille aveugle ni à son offense : il avait oublié l’une et l’autre.

Il passa la matinée avec la belle Napolitaine, alla ensuite aux bains, soupa (si nous pouvons nous servir de ce mot pour le repas des Romains à trois heures) seul et dehors, car Pompéi avait ses restaurateurs. Il revint ensuite changer de toilette, passa dans le péristyle, mais avec l’esprit absorbé et les yeux distraits d’un homme amoureux, et n’aperçut pas la pauvre fille aveugle, demeurée à la place où il l’avait laissée. Bien qu’il ne l’eût pas vue, elle reconnut à l’instant son pas. Elle avait compté les moments jusqu’à son retour. À peine était-il entré dans sa chambre favorite, qui ouvrait sur le péristyle, et s’était-il assis, rêveur, sur son lit de repos, qu’il sentit sa robe timidement tirée, et qu’il vit Nydia à genoux devant lui et lui présentant une poignée de fleurs, comme