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LES DERNIERS JOURS

thie. Personne n’avait jamais regardé cet homme sans se sentir porté à l’aimer : car le sourire d’un dieu s’était reposé sur son visage ; l’incarnation de l’amour céleste y avait laissé une marque glorieuse et éternelle.

« Mes enfants, Dieu soit avec vous ! » dit le vieillard en étendant les bras ; les enfants coururent aussitôt à lui.

Il s’assit à terre, et ils se groupèrent sur son sein : c’était un beau spectacle que ce mélange des deux extrémités de la vie ; les ruisseaux sortant de leur source, et le fleuve magnifique qui se dirige vers l’océan de l’éternité ! Comme la lumière du jour à son déclin semble mêler la terre au ciel, dont elle efface les contours en confondant les sommets des montagnes avec les vapeurs de l’air, cette douce vieillesse souriante paraissait sanctifier l’aspect de tout ce qui l’entourait, confondre la diversité des âges, et répandre sur l’enfance et sur l’âge mûr la lumière de ce ciel où elle était si près d’entrer.

« Père, dit Olynthus, toi sur le corps duquel le miracle du Sauveur a eu lieu ; toi qui as été arraché à la tombe pour devenir le vivant témoignage de sa miséricorde et de son pouvoir, regarde : un étranger est parmi nous, une nouvelle brebis est entrée dans le troupeau.

— Laissez-moi le bénir, » dit le vieillard.

Tous les assistants s’écartèrent. Apœcides s’approcha de lui comme par instinct : il tomba à genoux devant lui. Le vieillard posa la main sur la tête du prêtre et le bénit, mais à voix basse. Pendant que ses lèvres se remuaient, ses yeux étaient tournés vers le ciel, et des pleurs, ces pleurs que les braves gens versent seuls pour le bonheur des autres, inondèrent son visage.

Les enfants se tenaient de chaque côté du nouveau converti ; son cœur était comme les leurs ; il était devenu comme l’un d’eux pour entrer dans le royaume du ciel.