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DE POMPÉI

saient pas d’obstacles, prêts à affronter un mohde entier, préparés pour les tortures et armés pour la mort. ces hommes qui présentaient tous les contrastes possibles avec les faibles nerfs, les tendres cœurs et la fragilité de leurs nouveaux compagnons, se pressèrent autour de ces jeunes enfants ; les rides s’adoucirent sur leurs fronts, et leurs lèvres, à l’aspect sauvage, sourirent avec aménité. Le vieillard ouvrit alors son rouleau, et il apprit aux enfants à répéter cette magnifique prière que nous adressons encore à Dieu, et que nous enseignons à nos familles. Il leur parla avec simplicité de l’amour de Dieu pour les enfants, et leur raconta qu’un moineau ne tombe pas sans que l’œil divin le suive dans sa chute. Cette aimable coutume de l’initiation des enfants s’est longtemps conservée dans la primitive Église, en souvenir de ces paroles du Sauveur : « Laissez venir à moi les petits enfants, ne les empêchez pas d’approcher. » Et ce fut peut-être l’origine des calomnies enfantées par la superstition qui accusaient les Nazaréens d’un crime qu’eux-mêmes, lorsqu’ils eurent triomphé, reprochèrent aux Juifs, celui d’attirer les enfants dans de hideuses assemblées, afin de les immoler secrètement.

Le père pénitent sembla en ce moment remonter, avec l’innocence de ses enfants, à sa première vie, à cette vie où il n’avait pas encore été coupable. Il suivit le mouvement de leurs lèvres avec un regard de plaisir ; il sourit, lorsqu’ilsrépétèrent les mots sacrés, d’un air respectueux et soumis ; aussitôt que la leçon eut cessé, ils coururent joyeux et libres se placer sur ses genoux ; il les pressa sur son sein, les embrassa à plusieurs reprises, et des larmes coulèrent le long de ses joues, larmes dont il aurait été impossible de découvrir la source, tant elles étaient mêlées de joie et de douleur, de repentir et d’espérance, de remords pour lui-même et d’amour pour les autres.

Cette scène affectait particulièrement Apœcides ; et, en effet, il serait difficile de concevoir une cérémonie mieux appropriée à une religion de bienveillance, plus en harmonie avec les affections domestiques, et qui fît vibrer une corde plus sensible du cœur humain.

Dans ce moment, une porte intérieure s’ouvrit, et un homme de petite taille entra dans la chambre. À sa vue, toute l’assemblée se leva. Il y avait une expression de respect profond et affectueux dans le maintien de chacun. Apœcides, en le considérant, se sentit attiré vers lui par une irrésistible sympa-