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DE POMPÉI

située au-dessus de cette même porte. S’arrêtant sur le seuil de la chambre et frappant à la porte, Olynthus cria : « Que la paix soit avec vous ! » Une voix de l’intérieur répondit : « Le paix avec qui ? — Avec le fidèle, » répondit Olynthus, et la porte s’ouvrit.

Douze ou quatorze personnes étaient assises en demi-cercle, silencieusement, et paraissant absorbées dans leurs pensées, en face d’un crucifix grossièrement sculpté en bois.

Ces personnes levèrent les yeux lorsqu’Olynthus entra, sans dire un mot : le Nazaréen lui-même, avant de leur parler, s’agenouilla sur-le-champ, et par le mouvement de ses lèvres, non moins que par ses yeux fixés sur le crucifix, Apœcides comprit qu’il priait. Le rite accompli, Olynthus se tourna vers l’assemblée :

« Hommes et frères, dit-il, ne vous étonnez pas de voir parmi vous un prêtre d’Isis : il a demeuré avec les aveugles ; mais l’esprit est descendu sur lui : il désire voir, entendre et comprendre.

— Qu’il en soit ainsi, » dit un des membres de l’assemblée.

Et Apœcides remarqua que celui qui venait de parler était plus jeune que lui, d’une physionomie également altérée et pâle, avec des yeux qui exprimaient les incessantes inquiétudes d’un esprit ardent et longtemps troublé.

« Qu’il en soit ainsi, » répéta une seconde voix.

Et celui qui parlait était dans la force de l’âge ; sa peau bronzée et ses traits asiatiques indiquaient un fils de la Syrie. Il avait été brigand dans sa jeunesse.

« Qu’il en soit ainsi, » dit une troisième voix.

Et le prêtre, se tournant vers celui qui venait de parler, aperçut un vieillard à longue barbe grise, dans lequel il reconnut un serviteur du riche Diomède.

« Qu’il en soit ainsi, » murmurèrent les autres assistants, qui, tous, à part deux exceptions, appartenaient évidemment aux classes inférieures.

Dans ces deux exceptions, Apœcides reconnut un officier de la garde et un marchand d’Alexandrie.

« Nous ne vous recommandons pas le secret, reprit Olynthus ; nous ne vous ferons pas jurer (comme quelques-uns de nos frères plus timides pourraient le faire) de ne pas nous trahir. Il est vrai qu’il n’y a pas positivement de loi établie contre nous ; mais la populace, plus sauvage que ceux qui la gouvernent, a soif de notre sang. Vous savez, mes amis, que,