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LES DERNIERS JOURS

bonheur dans le bonheur des autres, et dans sa vaste compréhension chercher des compagnons pour l’éternité, il fut touché, consolé, subjugué. Il n’était pas d’ailleurs dans une situation d’âme à rester seul. Et puis la curiosité aussi se joignait à ces sentiments plus élevés. Il souhaitait vivement de voir ces rites sur lesquels on faisait courir tant de bruits sinistres et contradictoires. Il s’arrêta un moment, jeta un coup d’œil sur son costume, songea à Arbacès, éprouva un frisson d’horreur, fixa ses yeux sur le large front du Nazaréen inquiet, et dont les traits exprimaient une noble et fraternelle attente pour son bonheur et pour son salut. Il jeta son manteau autour de lui, de manière à cacher sa robe, et dit :

« Conduis-moi ; je te suis. »

Olynthus lui serra la main avec joie, et, descendant avec lui vers la rivière, il héla une des barques qui y séjournaient constamment ; les deux nouveaux amis y entrèrent et s’assirent sous une tente en toile, qui servait en même temps à les protéger contre le soleil : ils fendirent rapidement les eaux. Dans l’une des barques qui passèrent près d’eux, et dont la poupe était couronnée de fleurs, ils entendirent une douce musique. Cette barque allait du côté de la mer.

« Ainsi, dit Olynthus avec tristesse, voguent les adorateurs du luxe et des plaisirs, insouciants et pleins de gaieté dans leurs illusions, vers le grand océan des tempêtes et des naufrages, tandis que nous, silencieux et sans attirer l’attention, nous passons pour gagner le rivage. »

Le regard d’Apœcides avait distingué à travers les ouvertures de la tente le visage d’une des personnes assises dans cette joyeuse barque : c’était la figure d’Ione. Les amants venaient de partir pour la promenade où nous les avons accompagnés. Le prêtre soupira et se laissa retomber sur son siège. Ils descendirent dans un faubourg, près d’une allée bordée de maisons petites et grossières, qui s’étendaient vers la rive. Ils renvoyèrent leur barque. Olynthus, marchant le premier, conduisit le prêtre d’Isis, à travers un labyrinthe de ruelles, jusqu’à la porte fermée d’une habitation un peu plus grande que celles dont elle était entourée. Ils frappèrent trois coups. La porte s’ouvrit et se referma, après qu’Apœcides et son guide en eurent franchi le seuil.

Ils traversèrent un chemin désert et arrivèrent à une chambre intérieure d’une moyenne étendue, qui, lorsque la porte en était fermée, recevait la lumière du jour par une petite fenêtre