Page:Lytton - Les derniers jours de Pompéi, 1859.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée
171
DE POMPÉI

Mais, dans cette nouvelle religion, il lui semblait que, philosophes, prêtres, peuple, ceux qui expliquaient la croyance et ceuxqui la suivaient, agissaient de concert ; ils ne spéculaient pas, ils ne raisonnaient pas sur l’immortalité ; ils l’admettaient comme une chose évidente et assurée ; la magnificence de la promesse l’éblouissait et adoucissait sa douleur. Car la foi chrétienne eut pour premiers apôtres des pécheurs. Parmi les pères et les martyrs, beaucoup avaient connu l’amertume du vice ; ils avaient cessé d’être entraînés par ses faux attraits loin des sentiers d’une vertu austère et irréprochable. Toutes les espérances de cette foi bienfaisante invitaient au repentir. Elles étaient particulièrement faites pour guérir les esprits malades et brisés ; les remords qu’Apœcides ressentait au souvenir de ses derniers excès le disposaient à s’incliner devant un homme qui trouvait de la sainteté même dans ce remords, et qui parlait de la joie du ciel à l’esprit d’un pécheur repentant.

« Venez, dit le Nazaréen, en s’apercevant de l’effet qu’il avait produit, venez. dans l’humble lieu de nos assemblées, peu nombreuses encore, mais composées de cœurs d’élite ; écoutez nos prières ; observez la sincérité de nos larmes de repentir ; prenez part au simple sacrifice, où nous n’offrons ni victimes ni guirlandes, mais où nous déposons nos âmes, tout entières. Ces fleurs que nous répandons sur cet autel de notre cœur ne sont pas périssables : elles s’épanouissent encore quand nous ne sommes plus ; oui, elles nous accompagnent au delà du tombeau ; elles renaissent sous nos pas dans le ciel, elles nous enivrent par leur parfum éternel, car elles viennent de l’âme et elles participent à sa nature. Ces offrandes sont les tentations surmontées, les péchés rachetés par le repentir. Viens, oh ! viens, ne perds pas un instant de plus ; dispose-toi déjà pour le grand, le redoutable voyage des ténèbres à la lumière, des chagrins au bonheur, de la corruption à l’immortalité ! C’est aujourd’hui le jour du Seigneur, un jour que nous avons consacré à nos dévotions. Quoique nous ne nous réunissions ordinairement que la nuit, quelques-uns d’entre nous pourtant sont assemblés à cette heure. Quelle joie, quel triomphe ce sera pour nous tous, si nous pouvons ramener une brebis égarée dans le sacré bercail ! »

Apœcides, dontle cœur était naturellement si pur, fut frappé de ce qu’il y avait de bienveillant et de généreux dans l’esprit qui animait les paroles d’Olynthus ; en le voyant placer son