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DE POMPÉI

« Tu vois, mon enfant, dit-il, que la musique de l’amour peut aussi s’inspirer de la gaieté ; j’avais tort de dire le contraire. Écoute-moi, Nydia, écoute-moi ; chère Ione, écoutez. »


LA NAISSANCE DE L’AMOUR[1]

I

Comme une étoile, au sein de la voûte suprême,
Comme un songe, au-dessus des vagues du sommeil,
La déesse par qui l’on aime,
Sort de l’onde enchantée avec son front vermeil.
Chypre, le ciel sourit à ton flot qui s’élève,
L’arbre de la forêt sent bouillonner sa séve ;
La vie a circulé dans ce divin séjour.
Salut, ô terre fortunée,
La nature célèbre, en tous lieux étonnée,
La naissance de l’Amour !

Fille des dieux, vois le zéphyre ;
Sur ses ailes d’argent, il accourt, il soupire,
Il déroule tes cheveux d’or ;
De ton sein qui palpite il baise le trésor.
Sur le sable où la vague expire,
Les saisons pour te voir viennent d’un prompt essor

II

Comme une perle, au fond de sa conque sacrée,
La déesse brille à nos yeux.
Les reflets de l’émail, dont la teinte est pourprée,
Ajoutent à son teint leur éclat gracieux.
Sur l’onde qui bondit elle vogue avec joie.
Déesse, nous t’appartenons.
Pour réjouir la terre, un Dieu puissant t’envoie ;
Salut, répands sur nous tes dons !

III

Et toi, ma douce bien-aimée,
Quand tes yeux sont fixés sur ceuxde ton amant,
Tu m’enivres comme elle, et mon âme charmée,
Retrouve la déesse à ce premier moment !
Elle sort de tes cils, comme jadis de l’onde,
Avec son air tendre et vainqueur:
Lavoilà, la beauté qui gouverne le monde;
De tes yeux adorés elle passe en mon cœur.

  1. Chant suggéré par une peinture de Vénus sortant des eaux, trouvée à
    Pompéi, et maintenant au Musée de Naples.