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LES DERNIERS JOURS

— J’ai joué de la lyre chez Arbacès, répondit la Tbessalienne avec embarras.

— Et tu as pu échapper à la contagion dont tu as préservé Ione ? reprit la Napolitaine en baissant la voix de manière à n’être pas entendue de Glaucus.

— Noble Ione, je n’ai ni beauté, ni rang ; je suis une enfant, une esclave, une aveugle. Ceux qu’on méprise sont en sûreté. »

Nydia prononça d’un ton mêlé de douleur, de fierté et d’indignation, cette humble réponse, et Ione comprit qu’elle blesserait la jeune fille en continuant ses questions. Elle demeura silencieuse, et le bateau entra en ce moment dans : la mer.

« Avouez, Ione, dit Glaucus, que j’ai eu raison, de vous empêcher de passer cette belle matinée dans votre chambre ; avouez que j’ai eu raison.

— Oui, vous avez eu raison, Glaucus, s’écria Nydia brusquement.

— L’aimable enfant parle pour vous, repritl’Athénien ; mais permettez que je me mette en face de vous, de peur que notre léger bateau ne vienne à chavirer. »

En parlant ainsi, il se plaça devant elle, et se penchant de son côté, il s’imagina que c’était l’haleine d’Ione, et non celle de l’été, qui de son souffle parfumait la mer.

« Vous avez à m’apprendre, dit-il à Ione, pourquoi votre porte m’a été fermée pendant quelques jours ?

— Oh ! ne parlons pas de cela, répondit-elle avec vivacité ; j’ai prêté l’oreille à ce que je sais maintenant être la malice et la calomnie.

— Et mon calomniateur était l’Égyptien ? »

Le silence d’Ione répondit à cette question.

« Ses motifs sont suffisamment dévoilés.

— Écartons son souvenir, dit Ione en couvrant son visage de ses mains, comme pour cacher la confusion que lui causait la pensée de cet homme.

— Peut-être est-il à présent sur les mornes rives du Styx, dit Glaucus ; cependant, s’il en était ainsi, nous aurions entendu parler de sa mort. Il semble que votre frère ait ressenti l’influence de l’âme ténébreuse d’Arbacès. Lorsque nous sommes arrivés la dernière nuit chez vous, il m’a quitté subitement. Voudra-t —il jamais accepter mon amitié ?

— Il est consumé par un chagrin secret, répondit Ione d’un