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DE POMPÉI

puyée sur sa lyre ; c’est elle, ce n’est pas nous que vous devez remercier. Il paraît qu’elle est venue chez moi, et que, ne me trouvant pas dans ma demeure, elle a pénétré jusque dans le temple d’Isis pour chercher votre frère ; ils partirent pour se rendre chez Arbacès ; en route, ils me rencontrèrent au milieu de quelques amis. J’étais si heureux de votre excellente lettre, que je m’étais joint volontiers à leur troupe joyeuse. L’oreille si fine de Nydia reconnut ma voix sans peine ; peu de mots suffirent pour me faire accompagner Apœcides ; je me gardai de dire à mes amis pourquoi je les quittais : pouvais-je livrer votre nom à leur langue légère et aux bruits du monde ? Nydia nous conduisit à la porte du jardin par laquelle, plus tard, nous vous avons ramenée ; nous entrâmes, et nous allions ous plonger dans les détours mystérieux de cette maison de malheur, lorsque votre cri nous fit prendre une autre direc-on. Vous savez le reste. »

Ione rougit vivement ; puis ses yeux s’arrêtèrent sur ceux de Glaucus, et il comprit toute la gratitude qu’elle ne pouvait pas exprimer.

« Viens ici, ma Nydia, dit-elle tendrement à la Thessalienne : n’avais-je pas raison d’assurer que tu serais ma sœur et mon amie ? N’as-tu pas été déjà plus que cela, ma gardienne, ma libératrice ?

— Je n’ai fait que mon devoir, répondit Nydia avec froideur, et sans bouger.

— Ah ! j’oubliais, poursuivit Ione, que c’était à moi d’aller vers toi. »

Elle se glissa le long du bateau, jusqu’à l’endroit où Nydia était assise, et, jetant ses bras avec tendresse autour de la eune fille, couvrit ses joues de baisers.

Nydia était ce matin-là plus pâle que d’habitude, et sa pâeur s’accrut encore pendant qu’elle se prêtait à regret aux embrassements de la belle Napolitaine.

« Mais commentas-tu deviné si exactement, Nydia, continua Ione, le danger auquel j’étais exposée ? Connaissais-tu donc l’Égyptien ?

— Oui, je connaissais ses vices.

— Et comment ?

— Noble Ione. j’ai été esclave chez des gens vicieux ; ceux que je servais étaient les ministres de ses plaisirs.

— Et tu as pénétré dans sa maison, puisque tu connaissais si bien cette secrète entrée ?