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LES DERNIERS JOURS

— La paix ! reprit le prêtre d’une voix si profondément triste qu’elle alla droit au cœur du Nazaréen.

— Ce souhait, continua Olynthus, ne renferme que de bonnes choses : sans la vertu il n’y a pas de paix ; la paix est semblable à l’arc-en-ciel, qui repose sur la terre, mais dont la voûte est dans les cieux. Le ciel le baigne de teintes de lumière ;.il se forme au milieu de la pluie et des nuages ;. il est la réflexion de l’éternel Soleil, l’assurance du calme, le gage d’alliance entre l’homme et Dieu. Telle est la paix, ô jeune homme ; c’est le sourire de l’âme, une émanation des sphères de l’éternelle lumière. Que la paix soit avec toi !

— Hélas ! » répondit Apœcides, et il s’interrompit en remarquant les regards des oisifs curieux, qui se demandaient ce qu’il pouvait y avoir de commun entre un Nazaréen reconnu et un prêtre d’Isis ; il ajouta pourtant à voix basse : « Nous ne pouvons converser ici ; je veux te suivre sur les bords de la rivière ; il y a, tu sais, un chemin qui à cette heure est solitaire et désert. »

Olynthus s’inclina en marque d’assentiment. Il traversa les rues d’un pas rapide, mais avec un œil observateur. Çà et là il échangea un regard d’intelligence, un léger signe avec quelques passants dont la toilette indiquait généralement qn’ils appartenaient aux derniers rangs de la société : car le christianisme fut en cela le type de beaucoup d’autres révolutions moins considérables ; la bonne graine était dans le cœur des petits. C’était dans les cabanes de la pauvreté et du travail que ce vaste fleuve, qui devait baigner les cités et les palais de la terre, prit sa source méprisée alors.


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CHAPITRE II.

Excursion matinale sur les mers de la Campanie.


« Dites-moi, demanda Ione à Glaucus pendant qu’ils glissaient dans un bateau de promenade, surle limpide Sarnus, comment Apœcides e tvous, êtes-vous venus me délivrer de cet homme ?

— Demandez plutôt à Nydia, répondit l’Athénien en montrant la jeune aveugle qui était assise non loin d’eux, ap-