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DE POMPÉI

le Caligula contrastait fortement avec le pur azur d’un ciel d’été. Derrière les boutiques des changeurs de monnaie se trouvait l’édifice qu’on appelle maintenant le Panthéon ; une multitude de pauvres Pompéiens traversaient, leurs paniers sous le bras, le petit vestibule qui conduisait à l’intérieur, pour se rendre à la plate-forme placée entre les deux colonnes : c’était là que se vendaient les viandes soustraites par les prêtres aux sacrifices.

Des ouvriers travaillaient aux colonnes de l’un des édifices publics appropriés aux affaires de la cité ; on entendait le bruit que faisaient éclater par moments les rumeurs de la foule. Les colonnes sont restées jusqu’à ce jour sans avoir été terminées.

En résumé, rien ne pouvait surpasser en variété les costumes, les rangs, les manières, les occupations de cette multitude ; rien ne pouvait surpasser le désordre, la gaieté, l’animation, le flux et le reflux de la vie qui régnait à l’entour. Vous aviez sous les yeux les mille indices d’une civilisation bouillante et fiévreuse, où le plaisir etle commerce, l’oisiveté et le travail, l’avarice et l’ambition, confondaient dans un même golfe leurs flots bigarrés, impétueux, mais dont le cours ne manquait pas d’harmonie.

Devant les degrés du temple de Jupiter, un homme d’environ cinquante ans se tenait les bras croisés, en fronçant les sourcils d’un air méprisant. Son costume était des plus simples, moins pourtant en raison de l’étoffe qui le composait, qu’à cause de l’absence des ornements dont les Pompéiens de toutes classes avaient l’habitude d’user, soit par ostentation, soit parce qu’ils offraient en général les formes que l’on considérait comme les plus efficaces pour résister aux attaquesde la magie et à l’influence du mauvais œil. Son front était élevé et chauve ; le peu de cheveux qui lui restaient derrière la tête étaient cachés par une sorte de capuchon qui faisait partie de son manteau, et qui pouvait se baisser et se relever à volonté… En ce moment, sa tête recouverte à moitié était ainsi défendue contre les ardeurs du soleil. La couleur de ses vêtements était brune, couleur peu estimée des Pompéiens ; il semblait avoir évité avec soin tout mélange de pourpre et d’écarlate Sa ceinture contenait un pli pour renfermer un encrier attaché par un crochet, ainsi qu’un style et des tablettes d’une certaine grandeur. Ce qu’il y avait de plus remarquable, c’était l’absence de toute bourse, quoique la bourse formât