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LIVRE III.

CHAPITRE PREMIER.

Le forum des Pompéiens. — Ébauche du premier mécanisme au moyen duquel la nouvelle ère du monde fut préparée.

La matinée n’était pas encore avancée, et le forum se trouvait déjà rempli de gens affairés et oisifs. De même que de nos jours à Paris, dans les villes d’Italie, à cette époque, les habitants vivaient presque constamment hors de chez eux. Les édifices publics, le forum, les portiques, les bains, les temples eux-mêmes, pouvaient être considérés comme leurs véritables demeures ; il ne faut pas s’étonner qu’ils décorassent si magnifiquement ces places favorites de réunion, pour lesquelles ils ressentaient une sorte d’affection domestique, non moins qu’un orgueil public. Le forum de Pompéi était enparticulier singulièrement animé à cette heure ! Le long de son large pavé, composé de grandes dalles de marbre, plusieurs groupes assemblés conversaient ensemble avec cette habitude énergique qui approprie un geste à chaque mot, et qui est encore un des signes caractéristiques des peuples du Midi. Là, par l’un des côtés de la colonnade, on voyait assis dans sept boutiques les changeurs de monnaie, avec leurs trésors étalés devant eux, tandis que les marchands et les marins, dans des costumes variés, entouraient leurs échoppes. De l’autre côté, des hommes en longues toges[1] montaient rapidement les degrés d’un magnifique édifice, où les magistrats administraient la justice ; il y avait là des avocats actifs, bavards, diseurs de

  1. Les avocats, et les clients qui accompagnaientleurs patrons, gardaient la toge, dont la mode était déjà passée parmi le reste des citoyens.