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LES DERNIERS JOURS

Là, là, mon Phylias, ajouta-t-il, tandis que sa main caressait le cheval à côté duquel il descendait, et qui, hennissant doucement et baissant les oreilles, reconnaissait joyeusement cette courtoisie ; mon Phylias, c’est un jour de fête pour toi ! N’est-ce pas un beau cheval, ami Claudius ?

— Digne de Phébus, répliqua le noble parasite, ou digne de Glaucus. »


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CHAPITRE II.

La bouquetière aveugle, et la beauté à la mode. — La confession de l’Athénien. — Présentation au lecteur d’Arbacès d’Égypte.


Les deux jeunes gens, en parlant légèrement de mille choses, se promenèrent dans les rues ; ils se trouvaient dans le quartier rempli des plus attrayantes boutiques, dont l’intérieur ouvert laissait voir le luxe et les harmonieuses couleurs de peintures à fresque incroyablement variées de forme et de dessin. Les fontaines brillantes, qui de toutes parts lançaient leurs gracieux jets dans l’air pour rafraîchir les ardeurs de l’été ; la foule des passants, ou plutôt des promeneurs nonchalants vêtus de leurs robes pourprées ; les joyeux groupes rassemblés autour des boutiques qui les séduisaient le plus ; les esclaves passant çà et là avec des seaux de bronze d’une forme agréable, et qu’ils portaient sur leurs tètes ; les filles de la campagne s’échelonnant à peu de distance les unes des autres, près de leurs corbeilles de fruits vermeils ou de fleurs plus appréciées des anciens Italiens que de leurs descendants (on dirait que, pour ceux-ci, latet anguis in herba, et que chaque violette ou chaque rose cache un parfum malfaisant) ; les divers lieux de repos qui remplissaient, pour ce peuple paresseux, l’office de nos cafés et de nos clubs ; les vases de vin et d’huile rangés sur des tablettes de marbre, les entrées garnies de bancs et de tentures de pourpre qui offraient un abri contre le soleil, et invitaient la fatigue ou l’oisiveté à se reposer ou à s’étendre à son aise : tout cela formait une scène pleine d’animation et de gaieté, qui donnait à l’esprit athénien de Glaucus raison de se féliciter d’une si heureuse vie.

« Ne me parlez plus de Rome, dit-il à Claudius, le plaisir est imposant et pesant dans ses sublimes murailles ; même