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DE POMPÉI

ous ceux qui avaient des prétentions à la sagesse, était surtout d’origine orientale ; elle était étrangère à la première philosophie des Grecs, n’ayant été accueillie par eux avec faveur qu’à l’époque où Œthanès, qui accompagnait l’armée de Xerxès, introduisit parmi les simples croyances d’Hellas les solennelles superstitions de Zoroastre. Rome, sous les empereurs romains, se l’était appropriée, et Juvénal l’avait attaquée avec toute la violence de son esprit. Le culte d’Isis était intimement lié à la magie, et la religion égyptienne servait à étendre le goût des sciences occultes qui lui était naturel. La magie théurgique ou bienfaisante, la magie goétique ou ténébreuse, et la nécromancie malfaisante, dominèrent également pendant le premier siècle de l’ère chrétienne ; et les merveilles de Faust ne sont pas comparables à celles d’Apollonius. Les rois, les courtisans, les sages, tous tremblaient devant les professeurs de cette sombre science. Le formidable et profond Arbacès n’était pas le moins, remarquable des membres de cette tribu ; sa réputation et ses découvertes étaient connues de quiconque se livrait à l’étude de la magie : elles lui survécurent même ; mais ce ne fut pas sous son nom réel que les magiciens et les sages l’honorèrent ; son nom réel en effet, demeura ignoré en Italie, car Arbacès n’était pas une appellation égyptienne : elle venait de la Médie, d’où elle était devenue commune à la contrée du Nil, dans le mélange et le vagabondage des anciennes races. Il y avait plusieurs raisons, non-seulement d’orgueil, mais de politique (jeune il avait conspiré contre la majesté de Rome), qui le forçaient à cacher son nom et son rang. Mais ce n’était ni par le nom qu’il avait emprunté des Mèdes, ni par celui qui, dans les collèges d’Égypte, aurait pu attester sa royale origine, qu’il exerçait son influence sur ceux qui se vouaient à la magie ; il avait reçu de leurs hommages une désignation mystique, et son souvenir resta dans la Grande-Grèce et dans les contrées orientales sous le nom d’Hermès, « seigneur de la ceinture flamboyante. » Ses subtiles recherches, et les attributs si vantés de sa science, recueillis en plusieurs volumes, étaient au nombre des traités « sur les arts curieux, » que les néophytes chrétiens brûlèrent avec autant de joie que de frayeur à Éphèse, privant la postérité des preuves de la malice du démon.

La conscience d’Arbacès ne relevait que de l’esprit ; elle n’obéissait à aucune loi morale. Si l’homme imposait ce frein à la multitude, l’humanité, croyait-il, pouvait, par une sa-