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DE POMPÉI


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CHAPITRE VIII.

Solitude et soliloque de l’Égyptien.— Analyse de son caractère.


Nous devons revenir un instant sur nos pas dans la marche de notre histoire. À la première lueur de ce jour, que Glaucus a déjà marqué d’une pierre blanche, l’Égyptien était assis, seul et sans que le sommeil lui eût fermé les yeux, au sommet de la haute et pyramidale tour qui surmontait sa maison. Un parapet élevé lui servait de mur, et se joignait à la hauteur de l’édifice et aux arbres obscurs qui l’entouraient, pour défier les yeux de la curiosité et de l’indiscrétion : une table, sur laquelle était étendu un rouleau chargé de signes mystiques, se trouvait devant lui. Au ciel, la lumière des étoiles s’effaçait et vacillait, et les ombres de la nuit abandonnaient le faîte stérile des montagnes. La lutte de la nuit et du jour commençait à être visible sur le large Océan, calme comme un lac gigantesque, entouré de rivages couverts de vignes et de feuillages ; ces bords, parsemés des murs blancs des cités endormies descendaient doucement vers les vagues à peine ridées.

C’était l’heure consacrée entre toutes les autres à la science de l’Égyptien, à cette science qui espérait lire dans les astres le changement de ses destinées.

Il avait rempli son rouleau ; il avait noté le moment et le signe, et, s’appuyant sur sa main, il s’était livré aux réflexions que lui inspiraient ses calculs.

« Les étoiles me condamnent de nouveau ; quelque danger me menace assurément, dit-il lentement ; les astres me présentent les mêmes dispositions défavorables qu’elles présentèrent autrefois à Pyrrhus, si nos chroniques ne se trompent pas, à Pyrrhus, né pour désirer toute chose et pour ne jouir d’aucune ; attaquant toujours, ne triomphant jamais ; batailles sans fruits, lauriers sans victoire, renommée sans succès ; à Pyrrhus vaincu enfin par ses propres superstitions, et tué comme un chien par une tuile que la main d’une vieille femme avaitlancée ! Vraimentles étoiles meflattent peulorsqu’elles me représentent comme l’image de ce guerrier insensé, lorsqu’elles promettent à l’ardeur de ma sagesse les mêmes résultats qu’à