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LES DERNIERS JOURS


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CHAPITRE VII.

Ione est prise dans le filet. — La souris essaye de ronger les mailles.


« Ô ma chère Nydia ! s’écria Glaucus en lisant la lettre d’Ione ; ô la plus blanche messagère qui ait jamais passé entre la terre et le ciel ! Comment, comment te remercier ?

— J’ai ma récompense, dit la pauvre Thessalienne.

— Demain ! demain ! Comment employer les heures jusqu’à ce moment ? »

L’amoureux Grec ne voulait pas laisser Nydia s’éloigner, quoiqu’elle essayât à plusieurs reprises de sortir de la chambre. Il lui faisait répéter, syllabe par syllabe, la brève conversation qui avait eu lieu entre elle et Ione ; mille fois, oubliant son infirmité, il l’accabla de questions sur le regard, sur l’air qu’avait sa bien-aimée ; et puis, tout à coup, s’excusant de son erreur, il lui faisait recommencer son récit entier. Ces instants si pénibles pour Nydia s’écoulaient rapidement pour lui, et remplissaient son cœur d’un sentiment délicieux. Le crépuscule avait déjà été envahi par l’obscurité avant qu’il eût renvoyé Nydia chez Ione ; elle partit enfin avec de nouvelles fleurs et une nouvelle missive. À ce moment, Claudius et quelques-uns de ses gais compagnons vinrent le surprendre. Ils le plaisantèrent sur son amour de la solitude et sur son absence, pendant toute la journée, des lieux qu’il avait l’habitude de fréquenter. Ils l’engagèrent à les accompagner dans les différents quartiers de cette mouvante cité, qui, nuit et jour, offraittant d’occasions de plaisir. Alors, comme maintenant, sur cette terre aimée (car aucune autre, en perdant plus de sa grandeur, n’a gardé plus de ses mœurs), il était d’usage que les Italiens s’assemblassent le soir ; et sous les portiques des temples ou à l’abri des bosquets qui séparaient les rues, écoutant la musique ou les récits de quelque conteur, ils saluaient le lever de la lune avec des libations et des mélodies. Glaucus était trop heureux pour se montrer insociable ; il avait besoin de répandre au dehors l’exubérance de la joie qui l’étouffait. Il accepta volontiers l’offre de ses compagnons, et ils se mirent