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DE POMPÉI

natale, de sa ville de Néapolis, cette figure en marbre de Paros[1], près de laquelle toute la beauté de la Vénus de Florence est pauvre et terrestre, ce visage plein d’harmonie, de jeunesse, de génie, d’âme, que des critiques modernes ont prétendu être la représentation de Psyché.

Sa main toucha légèrement les cheveux nattés, le front poli, la joue satinée et vermeille, les bras à fossettes, le cou de cygne d’Ione.

« Je sais maintenant que vous êtes belle, dit-elle, et je puis emporter votre portrait dans mes ténèbres, et le revoir toujours. »

Lorsque Nydia la quitta, Ione se laissa aller à une profonde et délicieuse rêverie. Glaucus l’aimait. Il l’avouait ;oui, il l’avouait. Elle relut son tendre aveu ; elle s’arrêta sur chaque mot ; elle baisa chaque ligne. Elle ne se demandait pas pourquoi il avait été calomnié : elle était seulement assurée qu’il l’avait été. Elle s’étonnait d’avoir ajouté foi à une seule parole dite contre lui. Elle s’étonnait que l’Égyptien eût eu le pouvoir de la tourner contre Glaucus. Elle frissonna en réfléchissant à la prudence que celui-ci lui recommandait à l’égard d’Arbacès, et la secrète inquiétude que lui causait cet être mystérieux devint de l’effroi. Elle fut réveillée de ces pensées par ses femmes, qui vinrent lui annoncer que l’heure marquée pour sa visite à Arbacès était arrivée ; elle tressaillit. Elle avait oublié sa promesse. Sa première impression fut de ne pas aller chez lui ; sa seconde, de rire des craintes que lui causait le plus ancien de ses amis. Elle se hâta d’ajouter de nouveaux ornements à sa toilette, et, se demandant si elle devait presser de vives questions l’Égyptien, au sujet de son accusation contre Glaucus, ou si elle devait attendre qu’elle en eût entretenu ce dernier, sans citer son autorité, elle prit le chemin de la sombre demeure d’Arbacès.

  1. Les restes merveilleux de la statue ainsi désignée dans le musée borbonico ; la figure, pour l’impression et pour les traits, est la plus admirable de toutes celles que les sculpteurs antiques nous ont laissées.