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LES DERNIERS JOURS


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CHAPITRE VI.

L’heureuse beauté et l’esclave aveugle.


Une esclave entra dans la chambre d’Ione et annonça la messagère de Glaucus.

Ione hésita un instant.

Elle est aveugle, cette messagère, dit l’esclave, et ne veut confier son message qu’à vous seule.

Bas est le cœur qui ne respecte pas le malheur des autres. En entendant que la messagère était aveugle, Ione sentit qu’il lui était impossible de la renvoyer avec une dure réponse. Glaucus avait choisi une messagère sacrée, qu’on ne pouvait refuser de recevoir.

« Que peut-il me vouloir ? quel message peut-il m’envoyer ? » Et le cœur d’Ione palpitait vivement. Le rideau de la porte fut tiré ; un pas doux et sans écho glissa sur le marbre, et Nydia, accompagnée d’une des suivantes d’Ione, entra avec ses précieuses fleurs.

Elle s’arrêta un moment, comme si elle attendait un son qui la dirigeât vers Ione.

« La noble lone, dit-elle d’une voix douce et timide, voudrait-elle me parler, afin que je puisse savoir de quel côté diriger mes pas enveloppés d’obscurité, et déposer à ses pieds mon offrande ?

— Belle enfant, dit Ione touchée et avec douceur, ne te donne pas la peine de traverser ce pavé glissant ; mon esclave m’apportera ce que tu as à me présenter. »

Et elle fit signe à sa suivante de prendre le vase.

« Je ne dois remettre ces fleurs qu’à toi-même, répondit Nydia ; et, guidée par son oreille, elle arriva lentement près d’Ione, et, s’agenouillant devant elle, lui remit le vase.

Ione le prit de sa main et le plaça sur la table à côté d’elle. Elle releva gracieusement Nydia et voulut la faire asseoir à ses côtés ; mais la jeune fille refusa modestement de le faire.

« Je n’ai encore accompli que la moitié de ma mission, » dit-elle ; et elle tira la lettre de Glaucus de sa ceinture. « Ceci