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DE POMPÉI

faveur. Oh ! combien tu payeras au centuple le peu que j’ai fait pour toi ! Tu me comprends, Nydia ? Mais tu es encore un enfant. Peut-être en ai-je dit plus que tu ne peux comprendre ?

— Non.

— Et tu me serviras ?

— Oui.

— Viens me retrouver lorsque tu auras cueilli les fleurs, et je te donnerai le vase dont jet’ai parlé. Je serai dans la chambre de Léda. Ma jolie Nydia, tu n’as plus de chagrin ?

— Glaucus, je suis une esclave ;ai-je le droit d’avoir de la joie ou du chagrin ?

— Ne parle pas ainsi. Non, Nydia. Sois libre. Je te donne la liberté ; jouis-en comme tu voudras, et pardonne-moi si j’ai compté sur ton désir de me rendre service.

— Vous êtes offensé ? oh ! je ne voudrais pas, pour toutes les faveurs de la liberté, vous offenser, Glaucus… Mon gardien, mon sauveur, mon protecteur, pardonne à la pauvre fille aveugle. Elle ne se plaindra pas même de te quitter, si elle peut contribuer à ton bonheur.

— Que les dieux bénissent ton cœur tendre ! dit Glaucus profondément ému ; et, sans se douter de la flamme qu’il excitait, il embrassa Nydia plusieurs fois sur le front.

— Vous me pardonnez donc ? lui dit-elle ; et vous ne me parlerez plus de liberté. Mon bonheur est d’être votre esclave, et vous avez promis que vous ne me donnerez pas à un autre.

— Je l’ai promis.

— Maintenant, je vais cueillir des fleurs. »

Nydia prit bientôt en silence des mains de Glaucus-le vase riche et artistement travaillé, dans lequel les fleurs rivalisaient de couleurs et de parfums ; elle reçut sans verser une larme ses dernières instructions. Elle s’arrêta un moment lorsqu’il se tut. Elle n’osa pas répondre. Elle chercha sa main, la porta à ses lèvres, couvrit sa figure de son voile et s’éloigna de lui. Elle s’arrêta de nouveau sur le seuil, étendit ses mains vers la maison, et dit à voix basse :

« Trois jours heureux… trois jours d’un inexprimable bonheur se sont écoulés depuis que je t’ai franchi, ô seuil béni ! puisse la paix demeurer toujours avec toi pendant mon absence ! Pour moi, mon cœur se déchire en te quittant, et le soupir qu’il fait entendre semble me dire de mourir. »