« Nydia, mon enfant ! » dit Glaucus.
Au son de cette voix elle s’arrêta, écoutant, rougissant, respirant à peine, les lèvres entr’ouvertes, le visage tourné dans la direction de la voix qui l’appelait ; elle laissa tomber l’arrosoir, et fit quelques pas rapides du côté de Glaucus. C’était merveilleux de voir comme elle trouvait son chemin à travers les fleurs, pour arriver plus vite près de son nouveau maître.
« Nydia, dit Glaucus en rejetant en arrière avec douceur les longs et beaux cheveux de la jeune fille ; voilà trois jours que tu es sous la protection des dieux de ma maison. T’ont-ils souri ? es-tu heureuse ?
— Oh ! oui, heureuse, dit l’esclave en soupirant.
— Et maintenant, continua Glaucus, que tu es un peu remise des détestables souvenirs de ta condition précédente ; naintenant qu’on t’a revêtue d’habillements (et il toucha sa tunique brodée) plus convenables à ton corps délicat ; maintenant que tu t’es accoutumée à un bonheur que je prie les dieux de te conserver toujours, je vais te demander un service.
— Ah ! que puis-je faire pour vous ? dit Nydia en joignant ses mains.
— Écoute-moi, reprit Glaucus ; toute jeune quetu es, tu seras ma confidente. As-tu jamais entendu prononcer le nom d’Ione ? »
La jeune aveugle demeura oppressée et pâle comme une des statues qui entouraient le péristyle. Après un moment de silence, elle répondit avec effroi :
« Oui, j’ai entendu dire qu’elle est de Néapolis et qu’elle est belle.
— Bien belle ! Une beauté à éblouir le jour. Elle est de Néapolis, oui, mais Grecque d’origine ; la Grèce seule peut produire de si admirables créatures. Nydia, je l’aime.
— Je le pensais, dit Nydia avec calme.
— Je l’aime, et tu le lui diras. Je vais t’envoyer chez elle. Heureuse Nydia ! tu pénétreras dans sa chambre… tu t’enivreras de la musique de sa voix. tu te baigneras dans l’air radieux qui l’entoure…
— Eh quoi ! vous voulez me séparer de vous ?
— Tu seras chez Ione, » poursuivit Glaucus, d’un ton qui voulait dire : « Que peux-tu désirer de plus ? »
Nydia fondit en larmes.