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LES DERNIERS JOURS

— Et Stratonice, la toute gracieuse Stratonice, où est-elle ? demanda Lépidus.

— Elle était ici quelques instants avant votre arrivée ; mais elle a entendu je ne sais quel bruit qui lui déplaisait, et elle a disparu. Pollux ! le vieux Burbo avait peut-être caché une jeune fille dans sa chambre. J’ai entendu, ce me semble, une voix de femme qui exhalait une plainte. La vieille dame est jalouse comme Junon. »

En ce moment, un grand cri d’angoisse et de terreur fit tressaillir toute la compagnie.

« Excellent ! s’écria Lépidus en riant ; venez, Claudius, partageons avec Jupiter, il a peut-être rencontré une Léda.

— Oh ! épargnez-moi ! épargnez-moi ! je ne suis qu’une enfant, je suis aveugle !… N’est-ce pas assez de ce châtiment pour moi ?

— Par Pallas ! je reconnais cette voix, c’est la voix de ma pauvre bouquetière, » s’écria Glaucus, et il s’élança aussitôt vers l’endroit d’où partaient ces cris.

Il ouvrit vivement la porte ; il vit Nydia se tordant sous l’étreinte de la vieille irritée ; la corde, déjà teinte de sang, tournoyait en l’air. Il s’en empara d’une main.

« Furie ! dit Glaucus, et, de son autre main, il arracha Nydia à la vieille. Comment osez-vous maltraiter ainsi une jeune fille, une personne de votre sexe, une enfant ?. Ma Nydia, ma pauvre enfant.

— Oh ! est-ce vous ? est-ce Glaucus ? » s’écria la bouquetière avec un indicible transport. Les larmes s’arrêtèrent sur ses joues ; elle sourit, se pressa sur son sein, et baisa sa robe en s’y attachant.

« Et comment osez-vous, insolent étranger, vous interposer entre une femme libre et son esclave ? Par les dieux ! en dépit de votre belle tunique et de vos affreux parfums, je doute que vous soyez un citoyen romain, mon petit homme !

— Parlons mieux, maîtresse, parlons mieux, dit Claudius qui entra avec Lépidus. C’est mon ami et mon frère juré, il doit être à l’abri de votre langue, ma colombe ; il pleut des pierres.

— Rendez-moi mon esclave ! s’écria la virago en mettant sa forte main sur la poitrine du Grec.

— Non pas ; quand toutes les furies vos sœurs vous assisteraient, répondit Glaucus. Ne crains rien, ma douce Nydia ; un Athénien n’a jamais abandonné les malheureux.