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DE POMPÉI

deux survivent, avec l’épée, s’empressa de dire Tétraides, plein d’humeur et d’un ton jaloux.

— Avec le ceste ? cria Glaucus ; vous avez tort, Lydon. Le ceste est en usage chez les Grecs. Je le connais bien. Vous auriez dû vous engraisser pour un pareil combat. Vous êtes trop maigre ; vraiment, évitez le ceste.

— Je ne le puis, répondit Lydon.

— Et pourquoi ?

— Je vous l’ai dit, parce qu’il m’a défié.

— Mais il ne vous forcera pas à prendre une arme désignée.

— Mon honneur m’y force, répondit Lydon avec orgueil.

— Je mets sur Tétraides deux contre un au ceste, reprit Claudius, et au pair à l’épée ; est-ce dit, Lépidus ?

— Quand vous m’offririez trois contre un, je n’accepterais pas, répliqua Lépidus. Lydon n’en viendra jamais à l’épée. Vous êtes mille fois trop bon.

— Et vous, Glaucus, qu’en pensez-vous ? dit Claudius.

— J’accepte trois contre un… dix sestertii contre trente[1].

— Oui. »

Claudius écrivit le pari sur ses tablettes.

« Pardonnez-moi, noble patron, dit Lydon à voix basse à Glaucus ; combien pensez-vous que le vainqueur gagnera ?

— Combien ? peut-être sept sestertia.

— Autant que cela ! en êtes-vous sûr ?

— Au moins. Mais honte à toi ! Un Grec aurait songé à l’honneur, non à l’argent. 0 Italiens, vous serez toujours Italiens ! »

Une rougeur couvrit la joue bronzée du gladiateur.

« Ne me jugez pas mal, noble Glaucus, je songe aux deux ; mais je ne me serais jamais fait gladiateur si je n’avais manqué d’argent.

— Puisses-tu tomber dans l’arène ! Un avare ne sera jamais un héros.

— Je ne suis pas un avare, dit Lydon avec fierté, et il se retira dans un coin de l’appartement.

— Mais je ne vois pas Burbo ; où est Burbo ? s’écria Claudius ; je veux parler à Burbo.

— Il est là, dit Niger en montrant la chambre qui se trouvait à l’extrémité de la salle.

  1. Le lecteur ne confondra pas les sestertii avec les sestertia. Le sestertium avait cent fois la valeur du sestertius.