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DE POMPÉI

— Oui, continua Burbo en vidant une coupe ou plutôt un seau de vin ; un homme qui a conquis autant de lauriers que moi ne peut encourager que les braves. Lydon, bois, mon enfant. Puisses-tu avoir une vieillesse honorable comme la mienne !

— Viens, dit Stratonice à son mari en lui tirant affectueusement les oreilles, caresse que Tibulle a décrite avec tant de charme ; viens donc.

— Pas si fort, louve ! tu es pire que le gladiateur, murmurèrent les larges mâchoires de Burbo.

— Chut ! lui dit-elle à voix basse ; Calénus vient de se glisser ici, déguisé, par laporte de derrière ; il apporte les sesterces, j’espère.

— Oh ! oh ! je vais le trouver, dit Burbo ; en attendant, ne perds pas les coupes de vue, et fais attention au compte de chacun. Ne te laisse pas tromper, femme ; ce sont des héros, sans nul doute, mais ce sont aussi de vrais fripons. Cacus n’était rien à côté d’eux.

— Ne crains rien, sot ; » telle fut la réponse conjugale. Burbo, satisfait de cette tendre assurance, traversa l’appartement, et passa dans les penetralia.

« Ainsi, ces doux patrons vont venir examiner nos muscles ? dit Niger. Qui t’a fait avertir de cela, hôtesse ?

— Lépidus. Il amène avec lui Claudius, le plus sûr parieur de Pompéi, et le jeune Grec Glaucus.

— Un pari à propos d’un pari, cria Tetraidès ; vingt sesterces que Claudius pariera sur moi ; qu’en dis-tu, Lydon ?

— Je dis que ce sera sur moi.

— Non, sur moi, ajouta à son tour Sporus.

— Pauvres fous ! croyez-vous qu’il puisse préférer quelqu’un à Niger ? reprit l’athlétique Niger en se nommant ainsi modestement lui-même.

— Allons, bien ! poursuivit Stratonice en perçant une grande amphore pour ses hôtes, qui venaient de s’asseoir autour de l’une des tables ; hommes forts et braves comme vous pensez l’être, lequel de vous combattra le lion de Numidie, dans le cas où aucun criminel ne se présentera pour vous priver de cet honneur ?

— Moi qui ai échappé à vos griffes, fière Stratonice, dit Lydon, je pourrais, je crois, affronter le lion.

— Mais dites-moi, demanda Tetraidès en s’adressant à l’hôtesse, où donc est votre jeune et jolie esclave, la pauvre