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cours de mes adversaires, & c’est par les faits mêmes que vous devez juger de la conduite de chacun de nous. Je n’étois pas des Quatre-cents ; ou que celui de mes ennemis qui le voudra paroisse & m’en convainque. On ne prouvera pas non plus que, sous les Trente, je sois entré dans le sénat, ni que j’aie possédé quelque charge. Cependant, si je refusai alors de m’élever aux honneurs quoique je pusse y parvenir, n’est-il pas juste qu’aujourd’hui je sois honoré par mes compatriotes ? & si ceux qui avaient alors la puissance ne me donnerent aucune part dans l’administration, puis-je prouver plus clairement l’imposture de mes accusateurs ?

Examinez encore, Athéniens, le reste de ma conduite. Je me suis tellement comporté dans les infortunes de la patrie, que, si tout le monde eût pensé comme moi, nul de vous n’auroit essuyé aucune disgrâce. On ne m’a vu dans l’oligarchie, traîner qui que ce soit en prison : je n’ai persécuté aucun de mes ennemis, ni même obligé aucun de mes amis. Toutefois cette derniere circonstance n’est pas celle dont je m’applaudis davantage, parceque dans ces temps de trouble il n’était pas facile d’obliger, et que celui qui vouloit nuire le pouvoit sans peine. On ne me vit donc alors ni enregistrer personne par fraude au nombre des Athéniens, ni condamner personne par une sentence judiciaire,