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contre moi aucun crime, ils m’accablent d’injures, ils me chargent de reproches calomnieux qui me sont absolument étrangers, de reproches dont ils trouvent le modèle dans leur caractère et dans leur conduite.

[19] Mes ennemis cherchent par toutes sortes de moyens à me faire succomber dans ce procès, vous qui êtes mes juges, craignez de vous laisser prévenir par leurs calomnies ; craignez de me condamner et d’annuler une sentence plus honnête et plus juste que celle qu’ils ont rendue. C’est selon l’équité et d’après les lois, que les questeurs ont prononcé ; ils n’ont prévariqué en rien, ils ont respecté en tout la justice. [20] Les persécutions de mes accusateurs ne me touchaient que médiocrement ; je sentais qu’il est naturel de servir ses amis et de chercher à nuire à ses ennemis ; mais, si vous ne faisiez pas droit à mes défenses, c’est la ce qui serait le plus mortifiant pour moi. Condamné par vous, je paraîtrais moins avoir été victime de la haine, qu’avoir été banni pour des crimes.[21] Je plaide donc en apparence pour n’être pas regardé comme débiteur du trésor, et en effet pour n’être pas forcé d’abandonner ma patrie. Si vous me rendez la justice que je dois attendre de votre équité, je resterai à Athènes ; mais, si je suis condamné injustement sur les poursuites de mes adversaires, je quitterai cette ville pour