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Vous, Athéniens, vous le chassâtes de votre ville, confirmant, pour l’honneur des dieux, les lois portées par vous-mêmes contre les impies. [30] Enfin, ni peuple, ni monarque, nul état républicain ou oligarchique, ne voulaient plus admettre ce proscrit. Depuis ses sacrilèges, il ne cesse de mener une vie errante, ayant fait tant de mal à tous ceux qui le connaissent, qu’il ne peut plus se fier qu’à des inconnus. Tout récemment encore, depuis son retour, on l’a vu accusé deux fois dans la même année. [31] Sa personne est presque toujours dans les fers, et sa fortune presque entièrement épuisée par tous les procès qu’on lui intente. Mais doit-on appeler une vie, celle qu’on met à la merci de ses ennemis et des accusateurs de profession ? Voilà comme les dieux ont perverti le sens d’Andocide ; voilà les conseils qu’ils lui ont inspirés pour le perdre en punition de ses forfaits. [32] Dernièrement, il s’est livré à la discrétion du peuple, moins appuyé sur son innocence, que poussé par une certaine fatalité du sort.

Il ne faut donc pas, j’en atteste le ciel, que les vieillards et les jeunes gens instruits des impiétés de ce pervers, et le voyant échappé à tous les périls, en aient moins de respect pour les dieux. Qu’ils pensent plutôt qu’une vie courte, exempte de peines et d’afflictions, est préférable à la plus longue