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m’étonner néanmoins qu’il ne l’ait pas encore été. Les dieux ne punissent pas sur-le-champ ; la justice divine diffère en cela de la justice humaine. Je pourrais appuyer mon opinion de plus d’un exemple. Combien d’impies n’ont subi qu’après un long intervalle la peine qui s’est prolongée même jusques sur leur postérité ! Cependant le ciel envoie aux coupables mille frayeurs et mille périls, en sorte que plusieurs d’entre eux ont désiré de mourir pour se voir délivrés de leurs maux ; mais ce n’est qu’après une vie misérable qu’ils ont enfin obtenu la mort.

Considérez, en effet, la vie d’Andocide[1] depuis ses impiétés, et voyez s’il en est une plus triste que la sienne. Aussitôt après son crime, condamné déjà à une amende, et cité devant le tribunal, il se rendit de lui-même en prison, avec promesse de livrer son complice. Il savait néanmoins qu’il ne le pourrait pas, [22] l’ayant fait mourir indignement lui-même dans la crainte d’en être dénoncé. Mais un dieu ne lui a-

  1. On voit dans ce qui suit beaucoup de faits qui ne sont connus ni par l’histoire, ni par les discours d’Andocide, ou que celui-ci rapporte autrement.