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Athéniens, vous jugez légalement des hommes qui ont ruiné leur patrie, et que vous ne puniriez pas encore suffisamment de leurs crimes envers elle, quand vous négligeriez de suivre à leur égard les formes de la loi. Comment, en effet, pourriez-vous leur faire subir une peine proportionnée à leurs attentats ? [83] En les faisant mourir eux et leurs enfants, vengeriez-vous comme ils devraient l’être, les infortunés dont ils ont fait mourir sans les juger, les pères, les fils et les frères ? en confisquant tous leurs biens, dédommageriez-vous ou la ville dont ils ont volé le trésor, ou les particuliers dont ils ont pillé les maisons ? [84] Puisque vous ne pouvez allez les punir quoi que vous fassiez, ne serait-ce pas une faiblesse honteuse de ne pas les punir du moins autant qu’il est possible ?

On est capable de tout oser lorsqu’ayant pour juges les témoins et les objets de ses crimes, on paraît devant eux pour se justifier, et qu’on montre un tel mépris pour vous-mêmes, ou une telle confiance en d’autres. [85] Faites réflexion, Athéniens, et considérez que les ennemis du peuple n’auraient jamais pu réussir s’ils n’eussent trouvé des partisans, et qu’aujourd’hui ils n’entreprendraient pas de se défendre s’ils n’espéraient échapper avec le secours des mêmes hommes. Ils se présentent, ces fauteurs