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au gouvernement démocratique. [66] Tant que Théramène fut en crédit, il continua d’agir pour l’intérêt de tous. Mais lorsqu’il vit que Pisandre, Callèschre, et d’autres, l’emportaient auprès du peuple, et qu’on ne voulait plus l’écouter, par jalousie contre ses rivaux autant que par la crainte qu’il avoir des Athéniens, il suivit le parti d’Aristocrate. [67] Cependant, voulant toujours paraître fidèle au peuple, il accusa Antiphon [1] et Archeptoleme ses amis intimes, et les fit condamner à mort. Il en est venu à cet excès de perfidie de vous asservir vous-mêmes pour marquer de l’attachement à ses amis, et de perdre ses amis pour vous témoigner son prétendu dévouement. [68] Lors donc que par là il eut obtenu toute la considération et toute l’autorité qu’il pouvait désirer, il s’engagea à sauver la patrie, et ce fut lui qui opéra la ruine. Il avait conçu, disait-il, un projet de la plus grande importance : il promettait de faire la paix sans qu’on fût obligé de donner des otages, ni de renverser les murs, ni de livrer les vaisseaux. Il refusait de déclarer son secret, et demandait qu’on l’en crût sur sa parole. [69] Pour vous, Athéniens, quoique le sénat de l’aréopage fût vraiment occupé de votre conservation, et que plusieurs fussent opposés à Théramène,

  1. Antiphon, l’orateur ; qui, suivant l’histoire, périt dans cette révolution.