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avec leurs collègues, ils chargèrent les phylarques [1] de faire garder la ville : ils notifiaient ce qu’il fallait statuer par les suffrages, et les magistrats qu’il fallait nommer ; tout ce qu’ils voulaient exécuter d’ailleurs, ils le décidaient en maîtres. Ces hommes, vos concitoyens, travaillaient donc à vous nuire de concert avec vos ennemis. Leur but était de vous réduire à un dénuement général, et à l’impossibilité de rendre quelque ordonnance utile : [45] ils savaient qu’autrement ils ne pourraient vous soumettre, et qu’ils ne réussiraient qu’autant que vous seriez malheureux. Ils pensaient enfin que, cherchant à vous délivrer des maux actuels, vous ne songeriez pas aux maux à venir. [46] Je vais prouver qu’Ératosthène était du nombre des inspecteurs, en produisant pour témoins non les ministres de sa tyrannie (comment le pourrais-je ?), mais ceux qui l’ont appris de sa propre bouche. Toutefois, si les particuliers employés par les Trente étaient sages, ils ne craindraient pas de charger par leur témoignage, et de faire punir avec sévérité, ceux qui les entraînèrent dans les excès dont ils rougissent ; et pour peu qu’ils eussent de raison, ils ne violeraient pas le serment avec si peu de scrupules

  1. On appelait phylarque le chef de la cavalerie d’une tribu.