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quelque mal intentionnés que fussent vos ennemis, ils n’auraient pu vous nuire. Vous deviez donc, ; si vous vouliez en effet sauver des infortunés qu’on persécutait injustement, vous deviez les instruire de la décision de vos collègues, et non prêter votre ministère à d’injustes persécutions. Mais ici votre conduite qui se trahit d’elle-même, prouve contre vous que, loin de vous affliger de nos maux, vous ne faisiez que vous en réjouir. [33] Ainsi c’est sur les actions que les juges doivent prononcer, et non sur de prétendues oppositions en parole ; c’est d’après les faits qui leur sont connus, qu’ils doivent juger des discours qui auront pu être tenus alors, puisqu’il est impossible de produire des témoins, et que, loin de pouvoir paraître en public, nous n’étions pas même en sûreté dans nos maisons. On permettra donc à des hommes qui ont accablé de maux la république, de se combler eux-mêmes de louanges ! Mais enfin, Ératosthène, je ne nie pas, je conviens même, si vous le voulez, que vous vous opposâtes à vos collègues ; qu’eussiez-vous donc fait, je vous prie, si vous eussiez été consentant, puisque, ayant été opposant comme vous dites, vous avez fait mourir Polémarque ?

Et vous, Athéniens, épargneriez-vous Eratosthène si vous étiez les frères ou les fils de cet infortuné ? Il faut donc que l’accusé montre ou qu’il ne