Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui faire croire qu’ils n’agissaient point par des vues de cupidité, mais pour l’intérêt de l’état ; comme si jamais, dans le reste de leur conduite, ils eussent suivi quelques principes de justice.

[8] Ils se partagent [1] donc les divers quartiers de la ville, et se mettent en marche. Je donnais ce jour-là un repas à des étrangers, ils entrent chez moi, les chassent, et me livrent à Pison. D’autres se rendent à notre manufacture, et écrivent le nom des esclaves. [9] Je demandai à Pison s’il voulait me sauver moyennant une somme d’argent. — Oui, dit-il, si la somme en vaut la peine. — Eh bien, lui dis-je, je suis prêt à vous donner un talent. Il convint avec moi de me sauver à ce prix. Je savais qu’il ne craignait ni les dieux ni les hommes ; je crus, cependant nécessaire dans la conjoncture d’exiger de lui le serment accoutumé. [10] Lors donc qu’il eut juré, avec des imprécations sur ses enfants et sur lui-même, de me sauver

  1. Démosthène dit expressément, dans son discours Contre Androtion, et dans celui Contre Timocrate, que les Trente ne persécutaient pas les particuliers dans leurs maisons, et qu’on était à l’abri de leur violence, pourvu qu’on restât renfermé chez soi. Lysias semble le contredire. Mais la persécution dont il parle fut probablement passagère et n’eut pas de suite, de façon que ce que dit Démosthène était vrai généralement.