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iëvitoum ne rromimis. ·:>21 gards de l’Église chrétienne, toujours occupée du prosélytisme qui avait soumis à une nouvelle loi morale les débris de l’empire ro- main. Mais Synésius, homme de cœur et d'intelligence, se livrant aux douceurs de la poésie et d’une vie facile, lié par habitude et par croyance aux idees platoniciennes, était ditlicile à arracher aux souvenirs de sa religion philosophique. Les etlorts des chré- tiens redouhlèrcnt pour venir à bout d’une telle conquête : ce fut' une négociation suivie par les plus célèbres écrivains de l'0rient. Le peuple de Ptolémaîs le demanda pour évêque : Théophile, le patriarche d’Alexandrie, le pria dc consentir à cette consécration. Synésius se défendait avec une modeste franchise , en alléguant ses goûts et ses opinions. Il se croyait assez de vertus pour étre philosophe, mais point assez pour etre évéque, dans l‘idée su- blime qu'il se faisait des travaux et des devoirs de Pépiscopat. - Un autre motif de refus de Synésius, c'était son mariage : ce Dieu lui-meme, dit-il, la loi et la main de Théophile m’ont « donné une épouse; aussi je déclare et j’atlirme que je ne veux a ni me séparer d’elle ni vivre furtivement avec elle, comme un u adultère; je veux et je souhaite au contraire en avoir de beaux et u nombreux enfants. » L'adoption de Synésius parut un si grand avantage pour les évêques d’0rient, qu’on eut égard à ses scrupules et qu’on lui permit de garder sa femme et ses opinions. A ce prix, Synésius devint évêque de Ptolémais. Dès lors, il allia dans sa vie les soinscharitables du sacerdoce aux études su- périeures de l’éloquence. Il célébra dans ses vers éclatants et · harmonieux les mystères de la foi chrétienne , la grandeur du Père, ‘ son ineffable puissance , sa triple unité, la rédemption des ames, la tin des sacritices sanglants et le commencement d’une loi plus douce ` pour l‘univers. Les vagues souvenirs du paganisme, les idées pla- ` touiciennes rendent quelques unes de ses poésies ditîlciles à com- prendre : nous les avons traduites avec un respect fidèle du texte. i Il nous est arrivé parfois de ne pas pouvoir saisir l’idée, mais nous avons toujours rendu les mots. Nous avons été aidé dans notre travail par deux traductions, l’une, en latin, du P. Petau; l’au- tre, en français et toute récente, de MM. Grégoire et Collombat: ~ ces deux savants, qui s’étaicnt déja unis pour donner aux lettres t françaises Sidonius Apollinaris, Vincent de Lerins et Salvien , ont · fait une belle œuvre dans leur traduction de Synésius. Pour ap-

précier tout le mérite de leur version, il faut avoir eu, comme

nous, à lutter avec l’harmonie du texte, la coupure du rhythme , 44.