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lydon, puisqu’elle remporta le prix de la valeur, et que l’Arcadie possède encore les dents de ce monstre ; Atalante, dont au fond des Enfers Hylaüs et l’insensé Rhœcus[1] voudraient en vain, malgré leur haine, calomnier l’adresse ; car leur sang, qui teignit les rochers du Ménale, déposerait contre eux.

Salut, ô déesse vénérable[2] ! déesse de mille cités, déesse du Chésius, de l’Imbrasus[3], déesse de Chitoné[4] ; véritable citoyenne de Milet ; car ce fut toi que Nélée prit pour guide en quittant les rivages de Cécrops. C’est à toi qu’Agamemnon consacra le gouvernail de son navire pour apaiser ton courroux, lorsque enchaînant les vents, tu retenais les Grecs impatients de saccager Ilion et de venger leur Hélène. C’est à toi que Prœtus éleva deux temples, l’un sous le nom de Déesse favorable aux filles, parce que tu lui ramenas ses filles errantes sur le mont Azénien ; l’autre dans la ville de Lussa, sous le nom de la douce Déesse, parce que tu sus adoucir la rage féroce qui les possédait. C’est à toi que jadis, aux rivages d’Éphèse, les Amazones érigèrent une statue sur le tronc d’un hêtre. Là, tandis qu’Hippo t’offrait un sacrifice, ces femmes amies de la guerre dansèrent d’abord, avec leurs boucliers, la danse des armes, puis se réunirent en chœur autour de ton autel. Leurs mouvements agiles faisaient résonner leurs carquois et retentir la terre sous leurs pieds. La flûte, cet ouvrage de Minerve, si funeste aux faons, n’était pas encore inventée[5], mais le son des chalumeaux

  1. Deux centaures qui avaient voulu attenter à la pudeur d’Atalante, et que cette héroïne tua à coups de flèches sur le mont Ménale.
  2. Le texte ajoute : « Déesse assise au premier trône, » p’ôtothroné, autre surnom de Diane dont je n’ai pu trouver l’étymologie.
  3. Le Chésius et l’Imbrasus étaient l’un un promontoire, l’autre un fleuve de l’île de Samos, où Diane était spécialement honorée.
  4. Chitoné était un bourg de l’Attique.
  5. Littéralement : « On n’avait pas encore percé les os des faons. » Les anciens, dans les premiers temps, faisaient leurs flûtes avec les os des faons. La plupart des mythologues attribuaient l’honneur de cette invention à Minerve, quoique les monuments historiques l’attribuent au Phrygien Ilyagnis.