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nymphe qui te fut la plus chère, ce fut la nymphe de Gortys, cette nymphe redoutée des faons, Britomartis au coup d’œil assuré. Minos, brûlant pour ses charmes, la poursuivit longtemps sur les montagnes de Crète, mais elle se cachait tantôt sous des chênes touffus, tantôt au fond des marais. Neuf mois entiers il erra parmi les précipices et les monts. Enfin il était près de l’atteindre lorsqu’elle s’élança du haut d’un rocher dans les flots. Les filets d’un pêcheur la sauvèrent, et c’est de là que la nymphe et le roc d’où elle s’était précipitée reçurent des Cydoniens l’une le nom de Dictynne, l’autre celui de Dicté. Ils lui ont aussi dressé des autels et consacré des fêtes. Les couronnes qu’ils y portent sont de jonc ou de pin ; le myrte en est banni ; le myrte est haï de la Nymphe, parce qu’une branche de cet arbre, s’embarrassant dans sa robe, l’avait arrêtée dans sa fuite. Ô Diane ! à tous les noms sous lesquels tu es honorée, les Crétois ont encore ajouté celui de cette nymphe.

Cyrène fut aussi ta compagne : tu lui donnas deux chiens, qui jadis, au tombeau de Pélias, lui valurent la victoire[1]. Tu permis aussi de te suivre à la blonde épouse du fils de Dioné[2]. La belle Anticlée[3], dit-on, fut également l’objet de ta tendresse. Ces nymphes furent les premières à s’armer d’arcs flexibles et de carquois pleins de flèches, en se découvrant toujours l’épaule droite[4] et le sein. Mais tu distinguas sur toutes la fille de l’Arcadien Iasius, la légère Atalante, que toi-même instruisis à conduire une meute, à lancer des traits ; Atalante, que ne purent mépriser les célèbres chasseurs du sanglier de Ca-

  1. Près d’Iolchos : c’était là que Cyrène, selon la fable, avait combattu contre un lion et l’avait terrassé.
  2. Procris, épouse de Céphale.
  3. Anticlée n’est point connue dans la fable ; la mère d’Ulysse s’appelait Anticlée, mais ce ne peut etre de cette héroïne que le poëte ait voulu parler.
  4. L’expression grecque est remarquable ; littéralement : « Leurs épaules droites étaient indépouillables, » c’est-à-dire n’étaient point vêtues.