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siers de Jupiter[1]. Tu entres ensuite au palais de ton père, où, quoique chaque dieu t’invite à t’asseoir auprès de lui, tu te places toujours à côté d’Apollon.

Mais quand les nymphes formeront autour de toi leurs danses, soit aux sources de l’Inopus[2], soit dans les plaines de Limnée et de Pitane (car Pitane aussi t’est consacrée) ; ou lorsque, rejetant le sanguinaire hommage du Taurien et quittant la Scythie, tu viendras visiter les Araphéniens, puissé-je alors n’avoir point engagé le travail mercenaire de mes bœufs pour défricher le champ d’autrui pendant la journée ! Fussent-ils de la race de ces taureaux de Tymphée, si renommés pour tracer les plus pénibles sillons ; fussent-ils dans la vigueur de leur âge et dans la force de leurs cornes, avec trop de peine et de fatigue ils reviendraient à l’étable, puisque le Soleil, ravi du spectacle charmant de tes fêtes, arrête son char pour les voir plus longtemps et prolonge le jour.

Mais quelle île, quelle montagne, quelle cité te plaît davantage ? Quelle nymphe te fut la plus chère ? Quelles héroïnes ont été tes compagnes ? Déesse, instruis ton poëte, il instruira les autres à son tour.

Parmi les îles, Doliché ; parmi les cités, Pergé[3] ; parmi les montagnes, le Taygète[4] ; parmi les ports, ceux de l’Euripe[5] ; voilà les lieux qui t’ont plu davantage. La

  1. Callimaque est, je crois, le seul des poëtes et des mythologues qui fasse mention de ces prairies de Junon, qu’il place dans le ciel.
  2. Petit fleuve de l’île de Délos ; le poëte lui donne l’épithète d’Égyptien, parce que ce fleuve passait pour avoir les mêmes accroissements et décroissements que le Nil ; c’était même une croyance assez généralement répandue parmi le vulgaire, que l’Inopus n’était autre que le Nil lui-même, qui, après avoir traversé la mer, reparaissait dans l’île de Délos.
  3. Ville de Pamphylie, où Diane avait un temple auquel était attaché le droit d’asile.
  4. Montagne de Laconie, où l’on trouvait beaucoup de chèvres, de sangliers, d’ours et de cerfs.
  5. Le culte de Diane était singulièrement en honneur dans toutes les villes qui bordaient les détroit de l’Euripe, tant sur la côte de Béotie que sur celle de l’Eubée, telles qu’Aulis, Délium, Amarynthe, etc.