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IV. EN L’HONNEUR D’APOLLON.


Ciel ! comme le laurier d’Apollon est agité ! comme le temple entier est ébranlé ! Loin, loin d’ici, profanes ! Déjà Phébus de son pied divin a touché le seuil de la porte. Ne le voyez-vous pas ? Déjà le palmier de Délos l’a salué par un doux frémissement ; déjà le cygne a rempli l’air de ses chants. Tombez, verrous, tombez barreaux, le dieu approche : et vous, jeunes hommes, préparez vos concerts et vos danses.

Ce n’est point à tous indifféremment, mais au juste seul, qu’Apollon se manifeste. Qui le voit est grand ; qui ne le voit point est petit. Je te verrai, dieu terrible, et serai toujours grand.

Enfants, voulez-vous parvenir aux jours de l’hymen, voulez-vous atteindre l’âge où les cheveux blanchissent, et bâtir sur des fondements durables ; aujourd’hui que Phébus visite ces lieux, faites entendre le son de vos lyres et le bruit de vos pas cadencés…

Honneur à ces enfants ! puisque leurs lyres ne sont plus oisives.

Silence. Écoutez les louanges d’Apollon. La mer même se tait, lorsqu’on chante les armes du dieu de Lycorée, les flèches et la lyre. Io Pæan, Io Pæan ! À ce cri, Thétis cesse de pleurer son Achille ; et ce roc humide, inébranlablement fixé dans la Phrygie, ce marbre qui fut femme, et qui semble jeter encore le cri de la douleur, suspend le cours de ses larmes.

Io Pæan ! Chantez tous, Io Pæan ! Malheur à qui lutte contre les dieux ! Que celui qui brave les dieux, brave donc aussi mon roi ! Que celui qui brave mon roi, brave donc aussi les dieux !

Si vos chants plaisent à Phébus, il vous comblera de gloire ; il le peut, car il s’assied à la droite de Jupiter. Mais un jour est trop peu pour chanter Apollon ; la carrière est vaste. Eh ! qui peut cesser de chanter Apollon ?