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épais de ses bois, que Rhée te donna la naissance ; bois devenu sacré dès cet instant ; bois dont jamais femme, dont jamais animal sujet aux travaux de Lucine n’ose approcher, et que les Apidans appellent la couche antique de Rhée.

Oui, ce fut là que ta mère, soulagée de son divin fardeau, chercha le canal d’une onde pure pour se purifier et laver ton corps. Mais le majestueux Ladon, mais le limpide Érymanthe ne coulaient point encore, et l’Arcadie était encore aride. Un jour elle devait être célèbre par ses fleuves ; mais, au moment où Rhée détacha sa ceinture, des chênes sans nombre s’élevaient sur le terrain où coule aujourd’hui l’Iaon ; des chars pesants roulaient sur le lit du Mélas ; le Carnion, en dépit de ses eaux, entendait les animaux féroces creuser leur tanière sur sa tête, et le voyageur altéré, marchant sans le savoir au-dessus du Crathis ou du sablonneux Métope, brûlait de soif, tandis que des sources abondantes étaient sous ses pieds.

Dans son cruel embarras, la déesse s’écria : « Terre, enfante à ton tour ; tendre mère, tes enfantements sont faciles. » Elle dit, et, levant son bras puissant, frappa le mont de son sceptre. Le roc s’ouvre et vomit l’onde à grands flots. Aussitôt ta mère, roi des dieux, lava ton corps, t’enveloppa de langes et chargea Néda de te porter dans les antres de Crète pour l’y faire élever secrètement : Néda, de toutes les nymphes qui l’assistaient alors, la plus âgée après Styx et Philyre, la plus chère à son cœur ; Néda, de qui le zèle ne fut point sans récompense, puisque la déesse donna le nom de sa nymphe à ce fleuve, le plus antique des fleuves, où se désaltèrent les neveux de Lycaon, et qui va près du séjour des Caucons se réunir à Nérée.

À peine, ô Jupiter ! Néda sortait de Thène et s’approchait de Gnossus, que ton cordon ombilical tomba. C’est de là que les Cydoniens ont nommé cet endroit la plaine