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poëte excellent et comme un des meilleurs littérateurs qui eussent paru depuis la mort d’Alexandre ; et plus de huit cents ans après, nous voyons que les plus doctes grammairiens, les critiques les plus estimés, faisaient encore leur principale occupation de l’étudier et de le bien entendre. Marius, entre autres, qui vivait sous l’empereur Anastase, avait fait une métaphrase en vers ïambiques de l’Hécale, des hymnes, de l’ouvrage intitulé les Causes, et des épigrammes. On eût dit que ce littérateur illustre, pressentant le sort que devaient éprouver bientôt les productions d’un auteur qu’il aimait, s’efforçait de les conserver à la postérité. En effet, peu de temps après, la barbarie des Arabes détruisit dans Alexandrie le fameux monument que les Ptolémée y avaient élevé à la gloire des lettres et des sciences. Les œuvres de Callimaque périrent avec la superbe bibliothèque dont elles avaient été pendant plusieurs siècles un des plus riches ornements. Il échappa de ce naufrage quelques épigrammes recueillies, dans l’Anthologie et les hymnes dont je présente aujourd’hui la traduction au public. De tous ses autres écrits, nous n’avons que des fragments épars qui ne peuvent servir tout au plus qu’à donner une idée du sujet que l’auteur traitait dans chaque ouvrage, comme on le voit par la notice qu’en a donnée le célèbre Bentley.




I. EN L’HONNEUR DE JUPITER.


Tandis qu’on offre des libations à Jupiter, quel plus digne objet de nos chants que ce dieu même, toujours grand, toujours roi, qui dompta les Titans et qui donne des lois à l’Olympe ?

Mais sous quel nom l’invoquerai-je ? Est-il le dieu de Dicté ? est-il le dieu du Lycée ? J’hésite, puisque enfin le lieu de sa naissance est contesté. Ô Jupiter ! l’un veut que la Crète, l’autre que l’Arcadie ait été ton berceau : grand dieu, qui des deux en impose ?… Mais toujours le Crétois fut menteur ; le Crétois osa bien, dieu puissant, t’élever un tombeau, à toi qui n’as pu mourir, à toi qui es éternel. Oui, ce fut sur le mont Parrhasius, dans le plus