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gramme dont il s’agit, il paraît clair que le poëte, quel qu’il soit, n’y a point prétendu parler en son nom, et l’on peut s’en convaincre par la lecture de la pièce même.

Quoi qu’il en soit, Callimaque florissait vers cette époque où la Grèce fatiguée, pour ainsi dire, par les miracles de tout genre qu’elle avait enfantés pendant près de deux siècles, et comme épuisée surtout par le dernier effort qui lui avait fait produire le vainqueur des nations, vit le génie des lettres et des arts s’envoler de son sein, s’arrêter quelque temps à la cour des Lagides, et se fixer ensuite chez le peuple conquérant dont elle devait bientôt devenir la tributaire et l’esclave. Parmi le grand nombre de poëtes que la magnificence et la libéralité des Ptolémée attira pour lors en Égypte, on en distingua surtout sept, connus sous le nom de Pléiade, et dont le plus célèbre fut, sans contredit, Callimaque.

Instruit dans sa jeunesse par Hermocrate, grammairien célèbre alors, mais dont on ne connaît aujourd’hui que le nom, il se vit bientôt en état de former à son tour des disciples, et de faire oublier la réputation de son maître. En effet, il s’établit dans un des faubourgs d’Alexandrie, et y fonda une école où le fameux Ératosthène, ainsi qu’Apollonius de Rhodes, Aristophane de Byzance et Philostephanus acquirent les connaissances et les talents qui les firent briller dans la suite. On peut, à ces noms, connus dans l’antiquité littéraire, joindre celui de son neveu Callimaque, fils de sa sœur Mégatime et de Stazénor. Le goût que ce jeune homme prit pour les lettres, et la réputation qu’il s’acquit par divers ouvrages, furent vraisemblablement le fruit des leçons de son oncle, dont l’exemple influait sur tous ceux qui l’approchaient et les animait à l’étude. L’un de ses esclaves, nommé Ister, qui lui servait de secrétaire, profita si bien du commerce de son maître, qu’il composa plusieurs livres, lesquels n’étaient point sans mérite, puisque, plus de quatre siècles après sa mort, saint Jérôme ne dédaigna point d’en faire une traduction, que L. Gyraldi prétendait avoir vue manuscrite dans une bibliothèque de Rome.

Ce métier qu’exerça d’abord Callimaque, peu convenable, ce semble, à un descendant des premiers rois de Cyrène, pourrait jeter des doutes sur la noblesse de son extraction, si l’on ne savait qu’il était peu favorisé des biens de la fortune, et si l’on ne faisait réflexion que la protection éclatante dont les Lagides honorèrent les gens de lettres dut naturellement ennoblir une