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410 · MOSCHUS. gliger, parceque mes larmes sont plus abondantes que celles de Niobé à la belle ohevelurel On ne peut blâmer une mère qui pleure un fils malheureux. Avant de le voir, j'ai souffert dix mois en le portant dans mon sein ; il m’a condui-t presque aux portes redoutables de Pluton, si fortes ont été les douleurs que j’ai soufïertes pour le met- tre au jour. Maintenant, loin de moi, sur une terre étran- gère , il affronte de nouveaux dangers , et j’ignore, infor- tunée! si je le reverrai dans ces lieux, vainqueur ou non. De plus, un songe plein d’horreur m’a efïrayée pendant mon sommeil paisible ; je tremble que cette vision funeste ne menace mes enfants de quelque grand malheur: j'ai vu mon fits Hercule tenant des deux mains une bêche avec laquelle, comme un vil mercenaire , il creusait , nu, sans manteau, sans tunique, uu large fossé à l'extrémité d’une plaine verdoyante, pour servir de rempart à une vigne. Tout l’ouvrage une fois achevé , il plante la bêche dans l’endroit le plus haut et va reprendre ses vêtements. Mais tout à coup sur ce fossé profond brille un feu inex- tinguible, qui déroule ses tourbillons autbur d’Hercule. Lui, d’un pas précipité fuyait , voulant éviter cette flamme rapide, agitait sa bêche devant lui comme un bouclier, p et promenait de tous côtés ses regards pour se garantir , de ces feux ennemis. Pai cru voir le généreux lphicle, jaloux de le secourir, glisser et tomber par terre avant d’arriver àlui; sans pouvoir se relever, il restait immo- bile comme un faible vieillard que le poids importun des années a fait tomber, et qui s’agite vainement sur ` le sol· jusqu’à ce qu’un passant, ému de pitié à la• vueide ses blancs cheveux, lui tende la main. Tel gi- sait le belliqueux Iphicle. Et moi, voyant mes fils sans défense; je pleurais, jusqu’à ce·qu’enfin le sommeil a fui t _ mes paupières, et soudain la brillante aurore a paru. Voilà, ma chère, quel songe m’a troublée toute la nuit. · Que les dieux , détoumant ces malheurs de notre famille, les fassent ·ret0mber sur Eurystée. Puisse mon esprit l