Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/475

Cette page n’a pas encore été corrigée

IDYELES. 461 reau. Il n’était point semblable au taureau que l’on.n0ur-· rit dans les étables, ou qui trace un sillon en traînant la charrue recourbée , ou qui pait dans les prairies, ou qui sous le joug traine péniblement un lourd chariot: tout son corps était d’un jaune rembruni, un cercle argenté brillait au milieu de son front; ses yeux, d’un bleu nais- sant, étincelaient de desir; deux cornes également re- courbées s'élevaient sur sa tête et formaient un croissant pareil à celui de la lune. Ainsi transformé, Jupiter se rendit dans la prairie, et sa présence nfetïraya pas les vierges timides; toutes voulaient s’approcher et toucher cet aimable taureau ; la divine odeur qu’il exhalait au loin surpassait même les plus doux parfums de la prairie. ll s’arrête devant la chaste Em·ope , lui lèche le cou et lui prodigue ses caresses. Elle, de son côté, le tlattait, puis — ` avec ses mains délicates essuyait l’écume de son mutle et lui donnait quelques bmsers. Il mugit alors doucement: vous eussiez cru entendre les sons harmonieux d’une tlûte “ mygdonienne ;tléchissant ensuite les genoux devant Euro- pe , il la regardait en repliantsa tête et lui offrait son large dos. Laprincesse dit à ses jeunes compagnes, dont les cheveux tlottaient en longuestresses : « Approchez, mes chères compagnes , asseyons-nous et folatrons sur ce tau- reau, car ainsi couché il nous recevra toutes ensemble comme un navire. Il est d’un aspect doux et agréable, et ne ressemble en rien aux autres taureaux; ilest animé , , aussi bien que l'h0mme, d’un esprit raisonnable, il ne i lui manque que la parole. » A ces mots, elle s’assied sur d lui en riant. Ses compagnes se disposaient à l’imiter; d mais le taureau s’élance , emporte l’objet de ses desirs et , arrive bientôt vers la mer. Europe, se tournant vers ses l chères compagnes, les appelle etleur tend les bras, mais d elles ne peuvent l’atteindre. Lui, il se précipite dans la . mer, s’éloigne avec la rapidité d’un dauphin et marche b d’un pied seo sur les vastes îlots. A son approche la mer d devient calme , _et tout autour les baleines bondissent de- 39. “ l l